Le Premier ministre désigné en Haïti Ericq Pierre, en quête d'un large "support national", a déclaré vendredi à l'AFP vouloir former "un gouvernement de coalition" avec les partis représentés au Parlement, mais aussi avec des représentants de la société civile.
Ericq Pierre, dont le choix par le président René Préval a été entériné mercredi au Sénat, doit encore obtenir l'aval des députés haïtiens avant de pouvoir former un nouveau gouvernement.
"Je veux avoir un gouvernement cohérent, solidaire, un gouvernement de coalition formé avec les partis politiques représentés au Parlement, mais aussi avec des techniciens de la société civile pour avoir un large support national", a-t-il déclaré dans un entretien à l'AFP.
"Des ministres de l'ancien gouvernement de l'ex-Premier ministre Jacques-Edouard Alexis seront reconduits. Je dois étudier la formation du gouvernement avec le président de la République", a indiqué M. Pierre.
Au cours de ces derniers jours, M. Pierre a rencontré des députés du puissant groupe parlementaire CPP (Coalition des parlementaires progressistes) de la chambre.
"J'ai rencontré les responsables des partis politiques représentés au Parlement. Ils m'ont donné la garantie de voter en ma faveur. Mais la réalité est que les partis n'ont pas toujours le contrôle de leurs parlementaires", a souligné M. Pierre.
De son côté, le président Préval continue de rencontrer des élus, afin de les convaincre d'approuver la désignation du Premier ministre qu'il a désigné, indique-t-on de sources politiques à Port-au-Prince.
"Aucun gouvernement ne pourra réussir sans une collaboration franche et sincère du président de la République. De ce point de vue, je peux dire que je ne doute pas de bénéficier de la collaboration de M. Préval", a avancé Ericq Pierre.
Dans la perspective de sa prise de fonctions, M. Pierre, un agronome de formation et fonctionnaire à la Banque interaméricaine de développement, dit attendre de la communauté internationale une meilleure compréhension de la réalité haïtienne.
"Beaucoup d'efforts ont été faits au niveau des institutions comme la BID, la Banque mondiale ou l'UE pour harmoniser les procédures de l'aide à Haïti, mais c'est au gouvernement haïtien de faire la coordination de l'assistance externe. Je pourrais apporter mon expérience pour éviter les situations de blocage", a assuré Ericq Pierre.
Au plan national, M. Pierre se prépare à répondre à la situation d'urgence créée par la crise alimentaire en Haïti.
"Mes collaborateurs et moi, nous travaillons sur un plan d'actions. Nous devons faire face à une situation de misère quand on sait que plus de 70% d'Haïtiens vivent avec moins de 2 dollars par jour", a fait remarquer M. Pierre, qui a promis d'alléger le quotidien des Haïtiens les plus défavorisés.
"Il faut avoir de la compassion pour les pauvres sans négliger les moins pauvres et sans verser dans la haine des riches. J'aurais aimé contribuer à résoudre cette équation", a soutenu Ericq Pierre.
Selon la Constitution haïtienne, un Premier ministre est formellement ratifié, après examen des documents de nationalité et d'autres pièces administratives et une fois que les deux chambres du parlement ont approuvé les orientations politiques du futur gouvernement.
S'il est confirmé dans ses fonctions, M. Pierre remplacera Jacques-Edouard Alexis, destitué le 12 avril par un vote de censure du Sénat après une semaine "d'émeutes de la faim" qui ont fait 6 morts, des centaines de blessés et des dégâts matériels importants.