Les députés appellent le président Préval à désigner un autre premier ministre, des sénateurs mécontents
51 députés ont voté contre le choix d’Ericq Pierre, 35 pour et 9 se sont abstenus. La cinquantaine de députés de la Coalition des Parlementaires Progressistes (CPP)qui comprend entre autres des membres de l'Espoir et de la Fusion des sociaux démocrates alliés à d'autres députés ont fait savoir que les pièces de M. Pierre étaient incomplètes. Le vote est intervenu après environ 5 heures de débats houleux entre des députés de différents blocs autour du rapport de la commission de ratification. Les députés membres de la commission dont Jean Dorson Beauvoir, Cluny Dumay, Levaillant Louis Jeune, Jean Berthold Bastien ont, tout au cours des débats, défendus l'authenticité des pièces soumises par M. Pierre (63 ans),représentant d'Haiti auprès de la BID, face à ceux qui émettaient des réserves quant à sa nationalité. Plusieurs députés dont celui de Marmelade, Patrick Joseph, ont appelé le président René Préval à désigner un nouveau premier ministre après le rejet de M. Pierre qui avait été ratifié le 7 mai par le sénat, en dépit des réserves formulées par le sénateur Jean Hector Anacacis, un membre de la commission sénatoriale chargée d'étudier les pièces de M. Pierre. Les sénateurs Rudy Hériveau, Evallière Beauplan, Youri Latortue, Edmonde Supplice Beauzile membres du groupe des 16 ayant renversé le 12 avril dernier le premier ministre Jacques Edouard Alexis, ont affirmé ne pas comprendre comment les députés de l'Espoir ont pu voter contre le choix du président Préval (l'Espoir) Le sénateur YouriLatortue affirme qu'il s'agit d'une réponse politique et accuse les députés de vouloir plonger le pays dans une crise. Edmonde Supplice Bauzile (Fusion) estime que les députés de l'Espoir ont rejeté Ericq Pierre parce que le Groupe des 16 avait, a-t-elle dit,soutenu la population dans sa démarche, allusion aux évènements violents qui avaient débouché sur la destitution d'Alexis. De fait, beaucoup estiment que Ericq Pierre tout comme Jacques Edouard Alexis a fait les frais de rivalités entre les deux chambres. Le sénat avait le 12 avril infligé un vote de censure à Alexis seulement 1 mois et demi après que les députés lui eurent renouvelé leur confiance. Les députés avaient souligné que leur vote positif avait tenu compte d'une feuille de route remise 2 mois plus tôt à M. Alexis comme guide de travail. Ils ont fait savoir que le vote du 12 avril etait lui aussi politique, accusant les sénateurs d'avoir profité des manifestations contre la vie chère pour régler un contentiueux politique. Le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti (CCIH), Jean Robert Argant, a déclaré qu'il ne s'attendait pas à un rejet du choix de Ericq Pierre. Nous étions en train de travailler sur une feuille de route et maintenant nous sommes obligés de reconsidérer la situation, a regreté M. Argant. “Notre pays est vraiment le pays de l'imprévisible,” a-t-il déclaré. Pour beaucoup, tout est maintenant à refaire. Et l'aventure se poursuit, jusqu'à ce que les dirigeants haitiens, à quelque niveau qu'ils appartiennent, décident de réfléchir aux conséquences de décisions qu'ils prennent au profit d'intérêts personnels. (ahp)