Entre la Chine et Taïwan, Haïti fait le choix de la continuité…

Publié le 2018-05-21 | Le Nouvelliste

 

Pour le moment, Haïti maintient ses relations diplomatiques avec la République populaire de Chine (Taïwan). Répondant à un tweet du sénateur de la Floride Marco Rubio qui semble prévenir Haïti de rompre ses relations avec Taïwan au profit de la Chine, le secrétaire général du Conseil des ministres, Rénald Lubérice, a déclaré que le pays ne décide de sa politique étrangère sur la base des menaces, encore moins des rumeurs.
« Je ne crois pas qu’Haïti fera la même erreur que la République dominicaine: couper les liens avec Taïwan parce que la Chine lui a promis de l'argent… », lit-on sur le compte Twitter du sénateur de la Floride. Selon Marco Rubio, une telle décision aurait des dommages réels et immédiats sur les relations entre les États-Unis et la République d’Haïti.
« C’est absurde », a rétorqué le secrétaire général du Conseil des ministres, là où les plus grandes décisions de l’État se prennent. Selon Rénald Lubérice, « la politique étrangère d’Haïti est dictée par ses seuls intérêts nationaux. Elle est décidée par elle seule. Chacun ferait mieux de commenter avec respect et modestie les affaires concernant un État souverain. »
Rénald Lubérice a ajouté qu’Haïti « gardera toujours le droit d’orienter de manière stratégique ses relations extérieures, s’il le souhaite ». « Cela veut dire qu’Haïti ne décide de sa politique étrangère sur la base des menaces, encore moins des rumeurs », a soutenu le secrétaire général du Conseil des ministres, soulignant que le pays a déjà exprimé publiquement son choix de la continuité dans cette région du monde, en matière de politique étrangère.
« On a choisi la continuité, c’est-à-dire le privilège de nos intérêts nationaux », a-t-il martelé dans une interview accordée lundi au Nouvelliste.
Abondant dans le même sens, le conseiller spécial du président de la République, Guichard Doré, a fait savoir au journal que le chef de l’État se rend ce week-end à Taïwan.
« Nous avons des relations avec Taïwan et un bureau commercial à Pékin dans la grande Chine. Haïti définit ses relations en fonction de ses intérêts », a-t-il avancé, soulignant qu’il ne revient pas à un sénateur étranger de définir les relations diplomatiques du pays.
La République populaire de Chine (Taïwan) accorde un prêt d’environ 150 millions de dollars américains à Haïti. Le prêt devra être disponible prochainement. L’argent sera investi dans le secteur de l’énergie, « l’un des secteurs de production privilégiés », avait confié au journal le ministre de l’Économie et des Finances, Jude Alix Patrick Salomon, le vendredi le 27 avril 2018.
Parallèlement de l’autre côté de l’île, la République dominicaine a rompu ses relations avec Taïwan au profit de la Chine. Le conseiller juridique du pouvoir exécutif dominicain, Flavio Darío Espinal, a fait savoir que « la décision de prendre cette mesure a été soigneusement examinée et consultée avec les grands secteurs politiques et économiques du pays, en tenant compte principalement des besoins, du potentiel et des perspectives d'avenir pour le peuple dominicain ».
La Chine aurait promis 3,1 milliards de dollars d'investissement, d'aide financière et de prêts à faible taux d'intérêt à la République dominicaine. Ces promesses passent par 400 millions de dollars pour une nouvelle autoroute, 1,6 milliard de dollars pour des projets d'infrastructures et 300 millions de dollars pour une nouvelle centrale au gaz naturel.