La mobilisation pour #soswinnefarm a porté un premier fruit: le commissaire du gouvernement a instruit la police d’empêcher les actions des voleurs de terres. @ Kenscoff

Le FMI et l’UE vent debout contre l’offre chinoise pour la reconstruction d’Haïti

Revue de la semaine 15 Juin
L’offre chinoise
En août 2017, dans le cadre de sa politique de Nouvelles Routes de la soie, la Chine a envoyé une délégation à Haïti pour évaluer les premières pistes concernant la reconstruction de la ville de Port-au-Prince, point de départ de la reconstruction d’Haïti.
Comme nous l’avons documenté sur ce site, la Chine est fermement engagée à éradiquer la pauvreté et ceci, aussi bien chez elle, que là où elle peut apporter son aide.
Ainsi, fin août 2017, le maire de Port-au-Prince Youri Chevry a conclu un accord cadre réunissant la Société haïtienne Bati Ayiti, dirigée par l’ancien sénateur Amos André, la mairie de Port-au-Prince et la firme gouvernementale de la République de Chine Populaire : Southwest Municipal Engineering Design & Research Institute of China.
D’après l’Agence haïtienne de presse (AHP), outre le bâtiment devant loger la Mairie, la construction des marchés en bas de la ville, plusieurs milliers d’appartements ainsi que 100 km de route, le projet comprend une station de traitement d’eau potable d’une capacité de 225 000 m3 par jour, une station de traitement des eaux usées d’une capacité de 180 000 m3 par jour, un service de traitement des ordures ménagères, 450 toilettes publiques, une centrale électrique de 600 Mw et la rénovation du réseau électrique.
Enfin, un système de communication moderne, un système de cameras de sécurité qui devrait être capable de repérer les actes de banditisme, font également partie de l’accord.
4,7 milliards de dollars américains et 20 000 travailleurs de secteurs divers, seraient mobilisés pour cet important projet prévu pour être réalisé sur une période de 3 à 5 ans. Selon la firme chinoise MCC (Metallic Corporation of China), qui a rencontré le maire, le financement de la construction de la mairie de Port-au-Prince dans le cadre du Disaster Recovery Fund (fond de reconstruction post-sinistre naturel) du gouvernement chinois est aussi envisageable.
A terme, les Chinois prévoient d’investir la somme de 30 milliards de dollars américains en Haïti (à comparer avec les 30 milliards d’euros en contrats rapporté par Macron lors de sa visite d’Etat en janvier… )
L’empire contre-attaque
Le scénario était-il trop beau ? Haïti enfin en voie de reconstruction ? C’était sans compter sur Londres et Washington, de plus en plus paniqués par le statut prestigieux que revêt désormais la Chine à l’échelle mondiale.
Ainsi, immédiatement après l’annonce d’un contrat possible entre la Chine et Port-au-Prince, c’est Koldo Echebarria, le représentant-résident de la Banque Interaméricaine de développement (BID), qui monte à la barre au nom des « institutions financières internationales », pour rappeler sèchement que tout nouveau prêt commercial accordé à Haïti par des firmes chinoises entrainerait une renégociation des accords entre le pays et ses partenaires financiers institutionnels… Pour lui, en acceptant des prêts non concessionnels de la Chine, « il est clair que l’Etat haïtien viole ses engagements envers la communauté internationale ».
En effet, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, Haïti avait accepté officiellement, par devant la communauté internationale, de refuser tout prêt dont l’élément « don » n’était pas pris en compte à au moins 35 %... (Source : FMI).
Ainsi, dans le cas précis de l’agrandissement de l’aéroport international Toussaint Louverture, par une firme chinoise, Haïti n’avait pas respecté cette donne. Et c’est en jouant son rôle de « censeur » que le FMI, appuyé par d’autres bailleurs comme la BID, la Banque mondiale et l’Union européenne, a bloqué la signature d’un prêt commercial entre l’Autorité aéroportuaire nationale (AAN), et la banque chinoise ICBC, pour la reconstruction de l’aéroport de Port-au-Prince ! Que c’est bien d’avoir des amis…
En clair, abusant de la faiblesse du pays, les grands bailleurs (virtuels) de fonds, ont carrément mis le pays sous tutelle financière ! Dans les faits, l’engagement d’Haïti en faveur des prêts concessionnels ne lui donne accès qu’à un club très restreint de partenaires financiers sur le marché international et lui défait de son droit souverain de négociation dans les affaires. Premier pays à s’être émancipé de l’esclavage, il faut sans doute le punir pour l’exemple !
Comme le précise Marie-Carmelle Jean-Marie, ex-ministre de l’Economie et des Finances :
Le gouvernement haïtien, pour avoir accès aux ressources chinoises dispose de trois options : passer outre les engagements pris envers les autres bailleurs, en renonçant à leurs concours financiers ; négocier des exceptions avec ces bailleurs, exceptions qui seront consignées dans la lettre d’intention au FMI ; nouer des relations diplomatiques avec la Chine. Pour les opportunités, tout pays, pour croître, a besoin de financement externe, l’épargne intérieure ne répondant pas à tous les besoins d’investissement (…) la Caraïbe, Haïti encore plus, doit faire appel aux pays excédentaires en capitaux pour se mettre sur la voie de l’émergence.

Qui investira ?
Pour Bernard Craan, président du Forum économique du secteur privé, « tout investissement fait dans des conditions normales de marché, respectant les lois et règlements ne peut être que bienvenu ; qu’il provienne de la Chine ou de n’importe quel autre pays ». « En ce qui concerne Haïti, ma position est la même. Je souhaiterais que les autorités haïtiennes fassent preuve de transparence et d’ouverture et tiennent la population au courant en divulguant les informations relatives à ces éventuels investissements publics de façon régulière », a-t-il souligné.
Hans Tippenhauer, de l’entreprise Bati Ayiti et intermédiaire de plusieurs compagnies chinoises, a confié au journal Le Nouvelliste que les Chinois « aimeraient faire d’Haïti un exemple » de leur capacité technologique.
L’annonce d’investissement de 250 milliards de dollars d’investissement sur dix ans dans les pays de la CELAC montre l’intérêt des Chinois pour cette région, a indiqué Hans Tippenhauer. « Il n’y a pas de relations diplomatiques avec la Chine. Ce n’est pas un obstacle commercial mais cela peut empêcher le pays d’être un hub pour les investisseurs chinois », a-t-il dit.


Karel Vereycken

Solidarité et Progrès.org

 

Quelques titres à la une de HPN :

- Sonson Lafamilia et consorts vers un nouveau jugement
- La Cour de cassation ordonne que Sonson la familia de son vrai nom Woodly Ethéart et Rénel Nelfort, alias Le Récif soient à nouveau entendus par la justice, a appris Haiti Press Network.
- Notons d’emblée que sous l’ordonnance du juge Lamarre Bélizaire, Sonson la Familia et Le Récif avaient été acquittés en avril 2015 pour insuffisance de preuves et de charges, lors d’une audience criminelle sans assistance de jury.
- Le juge Lamarre Bélizaire avait ordonné « la levée de tous les scellés qui sont apposés sur les immeubles des accusés et la levée de l’interdiction de départ qui a été prise à l’encontre de l’accusé Woodly Ethéart.
- Plus de deux ans après avoir sorti de la prison, Woodly Ethéart et Rénel Nelfort vont être entendus à nouveau par le même tribunal avec une autre composition, suivant une ordonnance de la Cour de Cassation.
- Les magistrats de la Cour de Cassation dit avoir constaté que le juge Lamarre Bélizaire a fait des accrocs à la procédure pénale, décidé au mépris de la loi du 26 juillet 1979. Ils disent, qu’en décidant ainsi, il a non seulement violé la loi, mais aussi il a commis un excès de pouvoir. Ce qui fera annuler le jugement, selon les juges de la Cour.
- A rappeler que Sonson la Familia et Le Récices avaient été jugés pour des faits d’enlèvement et de séquestration, de blanchiment des avoirs, de trafic illicite de drogue, d'assassinat et d'association de malfaiteurs.
A quand l’augmentation des prix du carburant ? Jack Guy Lafontant l’ignore !
La hausse des produits pétroliers est encore à l’étude, selon le premier ministre Jacques Guy Lafontant. En conférence de presse à la primature, ce jeudi, le chef du Gouvernement a rappelé que la subvention du prix du carburant est un grand manque à gagner pour l’Etat.
Aujourd’hui encore, la question de savoir à quand cette augmentation se pose. Le Premier ministre Jack Guy Lafontant n’est pas en mesure d’y répondre.
"C’est une question hautement stratégique. Nous analysons les paramètres", s’est-il contenté de répondre à la question d’un journaliste qui voulait savoir la date fixée pour cette hausse.
Même si la question est hautement stratégique, et demande moult réflexions, le chef du Gouvernement est certain d’une chose : la subvention du carburant est préjudiciable au trésor public.
De son coté, le ministre de l’économie et des finances, Jude Alix Patrick Salomon a tenté de justifier l’augmentation prochaine du carburant par le fait que les produits pétroliers coutent moins chers en Haïti qu’en République Dominicaine, par exemple.
Sans dire non plus si l’augmentation du carburant est imminent ou pas, le grand argentier est sur d’une chose : le décret de 1995 déterminant la variation des prix des produits pétroliers sera appliqué.

''Les pertes de l’Etat avec la subvention sont considérables'', Jude Alix Patrick Salomon est formel sur ce point.
Soulignons qu’en réaction à la décision du gouvernement d’augmenter prochainement les prix des produits pétroliers, même des élus progouvernementaux conseillent à Jovenel Moïse et son équipe de ne pas faire grimper même d’un centime les prix du carburant sur le marché.
HPN