Jovenel Moise sur la sellette : à Washington, son avenir se discute…
2 novembre 2019 
Samedi 2 novembre 2019 ((rezonodwes.com))– En moins de 48 heures, toutes les données sur les rapports de l’administration Moise avec l’ International ont changé. La pression monte d’un cran sur le locataire du Palais National.
Amesty International s’insurge contre les violations flagrantes des droits humains; l’ONU s’inquiète de la dégradation de la situation humanitaire et les pertes en vies humaines qui en découlent; les députés canadiens se positionnent en faveur du peuple Haïtien et la diplomatie canadienne a organisé en urgence, à l’ONU, une réunion sur le dossier Haïti.
Toutefois, les plus grandes pirouettes diplomatiques se dessinent au pays de l’oncle Sam: Après la rencontre de la délégation des membres de l’opposition Haïtienne avec le congressman démocrate, Rep. Andy Levin, membre de la commission des Affaires étrangères de la chambre des Représentants, le Sénateur Marco Rubio, un membre senior et responsable de l’Hémisphère américain au sein de la commission des Affaires étrangères au Sénat, s’illustre avec intérêts dans le dossier Haïtien.
« Ceux qui dirigent Haiti, prenez une décision en faveur du peuple Haïtien, et avec le support américain, nous aiderons à faciliter dans la paix un processus démocratique… Toutefois, pendant que nous nous abstenons de dicter une solution à la crise, les leaders politiques doivent être au courant que ceux qui sont responsables de violations des droits humains seront sanctionnés…’.
Peut-on parler de revirement diplomatique de la part de Marco Rubio? Une lutte d’influence autour de l’avenir de Jovenel Moïse n’est-elle pas en train de se disputer entre Démocrates et Républicains par le biais du Congressman Levin et du stratège Sénateur Rubio? Quel parti se révélera l’allié du peuple haïtien dans la quête d’une solution à cette crise ô combien lassante?
Les élections présidentielles et sénatoriales aux Etats-Unis sont pour bientôt, dans exactement 12 mois. Rien ne se perd, tout se transforme dans la bataille de la conquête de l’opinion publique. Quand Nancy Pelosi, Speaker ou Présidente de la chambre des Représentants s’est invitée dans le dossier Haïtien autour d’une table avec les leaders communautaires Haïtiens de la Floride; quand Joe Biden, principal candidat démocrate à la magistrature suprême en face du sulfureux Président américain Donald Trump, se met de la partie pour critiquer la passivité de son adversaire sur le dossier Haïtien; ou encore quand Bernie Sanders, Sénateur démocrate, également candidat à la présidence, est le premier à dénoncer les violences en Haiti; il est évident que le silence et l’indifférence des Républicains ne tiendraient pas longtemps après les récentes déclarations du Représentant Levin sur la crise Haïtienne: [‘Je vais accélérer mes efforts au Congrès pour ajuster la politique des Etats-Unis aux demandes du peuple Haïtien qui réclame ce que les citoyens de n’importe quel pays méritent: liberté contre la violence, transparence, reddition de comptes, des élections à temps pour des leaders authentiquement et démocratiquement élus…’].
A cet effet, le Sénateur Rubio, un stratège pour l’administration Républicaine en place, se voit dans l’obligation de prendre le manteau du réalisme de la politique étrangère et de se positionner en « Patron déçu et irrité » contre le comportement punissable du président Jovenel Moise, celui qu’il considérait comme un « disciple soumis » et partenaire stratégique de l’agenda géopolitique américain contre l’influence chinoise dans la région et surtout contre le régime ‘criminel et corrompu’ de Maduro au Vénézuela.
Aujourd’hui, les données ne sont plus mêmes: le ton monte à Washington, la communauté internationale devient impatiente et les médias étrangers accélèrent les dépêches sur la triste réalité humanitaire auquel fait face le peuple Haïtien. La volonté de protéger un régime PHTK désorienté et une administration Moise sans défense légitime et légale, n’est plus de mise. Le discours rationaliste et le comportement diplomatique réaliste prévalent: le peuple Haïtien devient, d’un coup, l’intérêt central des discours diplomatiques et la solution médiane est préconisée au détriment du support inconditionnel préalablement constaté. L’alternative pour un changement de régime est vraisemblablement la seule solution à la crise haïtienne, cependant le facteur d’influence géopolitique sur les acteurs politiques du terrain reste encore indéterminé.
En somme, l’incertitude autour d’un éventuel départ du Président Moise reste, jusqu’à ce présent quart d’heure, une équation pendante mais ce qui est certain, c’est le changement dans le comportement des divers acteurs de l’international. L’homogénéité de l’entente bipartisane de la diplomatie américaine se fait sentir. Les dernières sorties du Sénateur Marco Rubio sur le dossier Haïtien rappelle bien les mêmes tactiques (et velléités) de Washington de vouloir faire tomber le régime ‘socialiste’ de Nicolas Maduro et bien d’autres (Cuba, Bolivie …). Les discours de violation des droits humains et de sanctions n’ont jamais été innocents sur l’échiquier international.
Quand vous n’êtes pas le Prince Saoudien Mohammed Ben Salmane (MBS), assis sur une manne pétrolière au Moyen-Orient et quand vous n’êtes pas non plus un Recep Tayyip Erdogan de la Turquie, membre de l’OTAN et principal Pont Géostratégique entre l’Occident et l’Orient, il y a lieu de considérer « l’option faire le ménage et du bon débarras » car la guerre d’influence entre élus américains sur un dossier géopolitique de grande importance, n’a jamais été sans conséquences.
Gumais Jean Jacques
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