200 Un collectif de plus de 200 organisations de défense des droits de l’homme a écrit une lettre ouverte au peuple haïtien, lui exprimant sa solidarité et son soutien dans sa quête pour destituer le président Jovenel Moise de ses fonctions.

JUNO 7 
NANCY ROC

« Des quatre coins et des secteurs les plus divers de notre continent américain, nous souhaitons exprimer notre solidarité et notre soutien à la lutte que vous menez, tant dans les rues qu’à travers d’autres moyens, pour une demande juste et urgente », souligne cette lettre.

Parmi les signatures figure celle du Prix Nobel de la Paix argentin, Adolfo Pérez Esquivel, qui a remporté le prix en 1980 pour son travail en faveur des droits de l’homme en Amérique latine.
« C’est une revendication qui s’élève comme un cri assourdissant, exigeant la démission du Président Jovenel Moïse, de son gouvernement et de son parlement parce qu’ils n’ont plus aucune légitimité et capacité à gouverner.»
« C’est une exigence de dignité et de liberté face à la faim, la misère planifiée, le pillage, la corruption pure et simple, la violence des institutions et des bandes criminelles en connivence avec le gouvernement et l’ambassade des États-Unis, la non prise en compte et la soumission internationale. Une revendication qui, par sa persistance et sa massivité, rend évident que, malgré tous les pouvoirs rassemblés contre lui, le peuple a la responsabilité, le droit, et la capacité de construire son propre destin », poursuit la lettre.
La lettre exprime son soutien aux demandes des Haïtiens et dénonce l’ingérence internationale dans les affaires politiques du pays.
« Le consensus de la société haïtienne est unanime dans le rejet de la continuité du régime néoduvalieriste du PHTK, de la présence humiliante des Nations Unies et de toute ingérence étrangère », peut-on lire dans la lettre ouverte. « Les secteurs sociaux les plus larges, des hommes d’affaires aux paysans, ouvriers, travailleurs indépendants, intellectuels, professionnels, église catholique, étudiants, femmes, artistes, tout le spectre politique de l’opposition haïtienne, refusent de reconnaître un régime avec des intérêts extérieurs, qui les condamne et les sacrifie à la faim et aux privations les plus brutales; tout ceci pour servir des puissances étrangères. »
« Nous faisons nôtre votre revendication devant l’ONU, l’OEA, les gouvernements des Etats-Unis et de l’ensemble du Core Group. (…) Nous exigeons de ces puissances qu’elles abandonnent leur qualification erronée et leur diabolisation d’Haïti et qu’elles respectent votre droit à l’autodétermination. »
Ces organisations latino-américaines disent rejeter le déploiement d’une nouvelle mission de l’ONU, le BINUH, le 16 octobre prochain.
« Sœurs et frères haïtiens, vous avez dit : ça SUFFIT, et nous, les peuples de la région, nous disons ça SUFFIT avec vous. Toujours éclairant les voies de la libération de l’esclavage d’hier et d’aujourd’hui, en solidarité avec tous les peuples en lutte, vous n’êtes pas seuls. Aujourd’hui, l’avenir de Notre Amérique est en jeu en Haïti, votre lutte est la nôtre ! », termine la lettre ouverte.
Le 11 octobre, les Haïtiens sont descendus dans la rue une nouvelle fois pour manifester et demander la démission de Moïse. Ce 13 octobre, à l’initiative d’un groupe d’artistes, dont le rappeur Izolan et le chanteur King Kino, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour manifester contre le pouvoir.
Au moins 18 personnes sont mortes cette année et 189 autres ont été blessées dans des manifestations anti-gouvernementales, selon le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).