Université : une quarantaine de professeurs prônent la rupture et apportent leur total appui aux revendications populaires
8 juin 2019 Rezo Nòdwès
« Une rupture s’impose aujourd’hui » ont souligné un groupe de professeurs d’Université en Haïti qui prennent ouvertement position sur la crise actuelle détériorée depuis la publication du deuxième rapport de la Cour des Comptes indexant le président Jovenel Moise, qui, par des « stratagèmes utilisés » aurait participé à la dilapidation de fonds de Petro Caribe.

Dans ce communiqué portant la signature de 41 professeurs d’Université dont Charles Vorbes, Berard CENATUS, Alain JEAN et plusieurs enseignants de la FASCH, un sombre tableau de la situation socio-politique du pays est dressé. Les signataires de la présente, poursuit la note, doutent « que les acteurs politiques actuels et les agents économiques traditionnels peuvent freiner l’effondrement politique, économique et social du pays« .

Port-au-Prince, samedi 8 juin 2019 ((rezonodwes.com))-Position d’un groupe d’universitaires haïtiens sur la crise haïtienne actuelle.
Le pays fait face à une aggravation de la crise sociale, économique et politique dont la profondeur met en péril la reproduction de la vie en Haïti. La responsabilité de l’équipe au pouvoir, de l’oligarchie haïtienne et des acteurs internationaux dans cet état de fait est d’une évidence incontestable. Les souffrances sociales, les incertitudes politiques et le marasme économique qu’il se donne d’observer aujourd’hui en sont les meilleures expressions.
La rupture avec le traditionalisme
Aujourd’hui, mieux qu’à tout autre moment de notre histoire sociale et politique, et contre toute attente, les haïtiens et les haïtiennes vivent dans leur corps et dans leur esprit ces souffrances, incertitudes et marasmes qui invitent à s’interroger sur la difficulté d’une large frange de la population haïtienne de se reproduire socialement.
Les acteurs politiques doivent prendre conscience que l’orientation économique adoptée dans le pays durant les quatre (4) dernières décennies s’est révélée désastreuse et donc n’est pas de nature à conduire le pays sur la voie du progrès et la justice sociale. Une rupture s’impose aujourd’hui !
Les universitaires haïtiens, signataires de la présente, protestent contre :
la situation précaire dans laquelle les décideurs politiques et économiques ont plongé la nation ;
la menace des libertés publiques par la gangstérisation de certains territoires urbains et ruraux ;
la corruption généralisée et la mauvaise gestion des ressources publiques ;
l’incapacité de l’équipe au pouvoir à offrir une alternative viable au pays ;
la dépendance grandissante du pays face à l’international portant atteinte à la souveraineté nationale ;
La crise actuelle, par sa profondeur, par ses conséquences sur la vie de nos concitoyennes, ne saurait être résolue dans de grandes palabres ou par des solutions superficielles.
Elle témoigne, par ailleurs, de la cécité des acteurs politiques, elle est d’autant plus le témoignage de l’incapacité de la classe politique à diriger le pays en l’orientant et l’engageant sur la voie du progrès. L’action politique doit redonner l’espoir à une jeunesse déjà en proie à de grandes difficultés et qui ne semble trouver de réponses que dans l’exode.
Les acteurs politiques actuels ont échoué et sont incapables de remédier à la situation
Les universitaires haïtiens, signataires de la présente, ne croient pas que les acteurs politiques actuels et les agents économiques traditionnels peuvent freiner l’effondrement politique, économique et social du pays. Dans ce cadre-là, les universitaires haïtiens, signataires de la présente, affirment leur appui indéfectible aux revendications sociales populaires qui interrogent l’ordre politique agonisant.
Les universitaires haïtiens, signataires de la présente, souhaitent que les acteurs politiques progressistes arrivent à une unité d’action dans la perspective de donner une orientation nouvelle au pays. Ils croient urgent et nécessaire de réorienter l’économie nationale, dont la structure actuelle est insensible au savoir et à l’innovation, dans le but de sortir le pays du marasme et freiner la dégradation des conditions sociales des groupes sociaux et classes sociales qui en souffrent et qui cherchent à s’en sortir.
Port-au-Prince, le 05 juin 2019
Suivent les signatures :
1. Berard CENATUS, ENS
2. Alain JEAN, FASCH
3. Charles VORBE, FASCH
4. Jean Alix RENE, ENS
5. Alvarès LOUIS, ENS
6. Jerry MICHEL, FASCH/FE
7. Jhon Picard BYRON, FE
8. Michel ACACIA, FLA/FE
9. Nixon CALIXTE, Direction Documentation, UEH
10. Jean-Leon AMBROISE, FE
11. Chistian ROUSSEAU, FDS
12. Guy Alex ANDRE, FASCH
13. Ronald JEAN JACQUES, FASCH
14. Lenz Jn FRANCOIS, FASCH
15. Lefranc JOSEPH, FASCH
16. Odile REIHER, FASCH
17. Ary REGIS, FASCH
18. Claude CALIXTE, ENS
19. Junot FELIX, FASCH/FMP
20. Carole SASSINE, FASCH
21. Joseph CHERY, FASCH
22. Widlyn DORNEVIL, FASCH
23. Darline ALEXIS, ENS
24. Fritz Berg JANNOT, ENS
25. Hancy PIERRE, FASCH
26. Chenet JEAN BAPTISTE, FASCH
27. James Rodophe SAINT CYR, ENS
28. Louis Rodrigue THOMAS, ENS
29. Roosvelt MILLARD, FASCH
30. Wilson JABOIN, FASCH
31. Francklin BENJAMIN, ENS
32. Pierre Maxwell BELLEFLEUR, CHCL
33. Luc SMARTH, FASCH
34. Odonel PIERRE-LOUIS, ENS
35. Nadève MENARD, ENS
36. Josué MUSCADIN, ENS/IERAH/ISERS
37. Dieutès DEMOSTHENE, FASCH
38. Dieuseul ANGLADE, FASCH
39. Ernst JOSEPH, FO
40. Bogentson ANDRE, IERAH/ISERS
41. Edelyn DORISMOND, CHCL
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