La quatrième réunion de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) qui s’est tenue hier à Santo-Domingo, réunissait environ 70 fonctionnaires et techniciens en provenance d'Haïti et de République dominicaine, les délégations des 26 pays membres, des représentants de l’Organisation des États Américains (OEA) et des représentants des Organisations Non Gouvernementales (ONG). Cette réunion qui devait commencer à 14:00 a débuté avec plusieurs heures de retard, elle a durée près de 7 heures pour s’achever tard dans la nuit, et a été l’occasion de violents affrontements verbaux, de critiques, de remise en questions, de doléance, d’incompréhension et de vives frustrations. Une réunion où le rejets des responsabilités semblaient plus importantes que la reconstruction d’Haïti.

Le président Leonel Fernández, après les salutations d’usages et les félicitations à l'ancien président américain pour son rôle dans l’aide à la reconstruction d’Haïti, a souligné l’importance d'avoir une stabilité démocratique et politique en Haïti.
Jean Max Bellerive n’ayant pas pu faire le voyage, a tenté d’assurer sa co-présidence par vidéo-conférence malgré les nombreux problèmes techniques de transmission.

La CIRH a approuvé 430 millions de dollars sur les 490 millions soumis. 60 millions de dollars pour former des enseignants n’ont pas été approuvé, parce que la France a refusé d’appuyer ce projet, n’étant pas convaincu de la viabilité du projet présenté. Les priorité évoquées à cette réunion concernaient l’enlèvement de 40% des décombres et la construction d’habitations pour 400 000 personnes sans-abri.

L'ancien président américain Bill Clinton a critiqué vigoureusement la lenteur de la reconstruction, rejetant la responsabilité sur les autorités haïtiennes qu’il a pressé d’accepter ses plans pour accélérer les choses. Il juge « totalement inacceptable » que seulement 40 % des débris devraient être enlevés en août prochain, soit 19 mois après le sésime. «Plus d’argent ou des méthodes différentes sont nécessaires » a-t-il affirmé.

 S’adressant aux délégués haïtiens, il leur a demandé s’il ne serait pas possible que des projets de plus de 10 millions, entièrement financé, et correspondant au plan de reconstruction, soient approuvés par e-mail en vu d’accélérer le processus. « Nous aurions pu travailler sur ces projets d'habitations, entièrement financé, et il pourrait y avoir aujourd’hui des haïtiens au travail depuis deux mois, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui » a déploré l’ex-Président Clinton.

James Patterson Percival a fait de vigoureuses critiques pour le manque de résultats de la CIRH. Rappelant que 7 mois après la formation de cette institution, des membres de la Communauté internationale et lui-même sont déçus du fait que les promesses faites, n'aient pas été tenues et qu'il n'y ait aucun plan précis pour la signature des contrats dans le cadre de la reconstruction d'Haïti. Il a notamment émis des objections et des doutes sur le plan et les échéances de Bill Clinton, en présence du Président Léonel Fernández. Il s’est plaint également de fonds disponibles bloqués sans être dépensé ou investi au bénéfice du peuple haïtien et le manque de transparence dans les procédures de sélections des projets promus par la Commission. Visiblement frustré, James Patterson Percival a quitté la réunion avant la fin, où tard après minuit la commission débattait toujours de la situation du choléra en Haïti...

Suze Percy, représentant exécutif d'Haïti, a lu un document au nom de 11 autres représentants du gouvernement haïtien, dans lequel elle dénonçait le traitement discriminatoire et le manque de communication sur les projets, plans et autres mesures. Exprimant un sentiment de totale exclusion et de déconnexion sur ce qui se fait exactement. Elle affirme que les membres du gouvernement haïtien siégeant sur la CIRH, sont exclus des décisions et qu’ils sont mal informés. La réalité a-t-il déclaré c’est que nous ne sommes pris en compte que pour ratifier les décisions de la Commission. Remettant en question le fonctionnement de l’institution et sur la manière dont les décisions, des représentants des gouvernements donateurs et des agences multilatérales, sont prises.

Jean Marie Bourjelly, un autre membre de l'exécutif, a reproché au co-président de la commission, Bill Clinton l’absence de réponse à des emails de demandes d’informations des délégués haïtiens. Ajoutant que les membres de la CIRH, qui ne sont pas en Haïti, doivent avoir accès aux informations, ce qui n’est pas le cas. Il reproche également au Directeur Exécutif, Gabriel Verret de ne pas répondre à ses emails.

Gabriel Verret, a reconnu l’existence de failles dans le processus de la CIRH, tandis que le Premier haïtien Jean-Max Bellerive, constatait le haut niveau de frustration dans le groupe en avertissant que les choses ne pouvait pas continuer ainsi...

(Source: Haït Libre)