(Haiti-Libre) La séparation des 3 pouvoirs et l’établissement d’un État de Droit en Haïti semblent bien illusoires. La carrière d’un Commissaire du Gouvernement est un emploi précaire, dont la durée se compte en jours ou en semaines. Qu’il s’agisse d'oser lutter contre la corruption, de vouloir auditionner un parlementaire ou simplement de vouloir faire respecter la loi et le droit, rien de ceci n’est possible sans mettre en péril son poste.

Me Lionel Constant Bourgoin, le nouveau Commissaire du Gouvernement, en poste depuis le 5 décembre dernier, a remis, samedi, sa démission au Ministre de la justice, Pierre Michel Brunache, suite à la tentative de Me Thierry Mayard-Paul, Ministre de l’Intérieur, d’interdire vendredi à Mr Gaillot Dorinvil, l’ex Président du Conseil Électoral Provisoire (CEP), de quitter le territoire et au refus du Commissaire du Gouvernement de procéder à l'arrestation de ce dernier [en l’absence de mandat à cet effet].

Me Bourgoin estime que les restrictions que le gouvernement veut imposer aux membres de l'ancien CEP portent atteinte à leur liberté et au droit, ajoutant : « Il faut nous défaire des vieilles pratiques qui consistent à arrêter les gens pour toute chose ».


Lettre de démission du Commissaire du Gouvernement

Monsieur Pierre Michel Brunache
Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique
En ses bureaux

Monsieur le Ministre,

J’ai le regret de vous présenter ma démission en tant que Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince. Depuis ma prise de fonction le lundi 5 décembre dernier, je n’ai cessé d’agir au nom de la société que pour veiller à la bonne application de la loi et au respect de l’ordre public, ce, pour une action publique efficace et respectueuse des libertés individuelles.

En raison de mes profondes convictions et pleinement conscient de la mesure de mes missions, je ne saurais être le bras armé d’un quelconque pouvoir d’inspiration autoritaire soucieux d’établir son ordre.

Comptant sur votre compréhension, je vous prie, Monsieur le Ministre, de bien vouloir accepter ma démission.

Patriotiquement vôtre,

Lionel Constant Bourgoin
Commissaire du Gouvernement
Près le Tribunal de première Instance de Port-au-Prince