JUSTICE USA
Aristide de nouveau sur la sellette
MIAMI, 2 Mars - Un article paru dans le Miami Herald vient mettre à nouveau l’ex-président Jean-Bertrand Aristide dans le collimateur de la justice en Floride.
Cette fois il s’agit de pots de vin qui auraient été versés par des firmes américaines faisant le commerce d’appels internationaux via la Teleco. Seulement une partie des revenus aurait été versée à celle-ci, tandis que le reste a servi à récompenser des opérateurs haïtiens qui ont facilité le deal.
L’ex-président Aristide est soupçonné d’avoir fait partie de ces derniers.
Le nom de l’ex-chef de l’Etat ne paraît pas textuellement dans l’acte d’inculpation. Mais selon les avocats de l’une des parties, c’est bien à l’ex-président Aristide que fait référence l’appellation ‘Officiel B.’
Selon les documents judiciaires, ‘Officiel B’ et de hauts responsables de la Teleco, la compagnie de téléphonie qui est officiellement la propriété de la Banque de la République d’Haïti (BRH), ont reçu en paiement des pots de vin totalisant environ 2 millions et demi de dollars américains de deux firmes américaines Cinergy Telecommunications et Uniplex Telecom Technologies.
Les deux compagnies sont accusées d’avoir servi à acheminer les fonds frauduleux aux officiels haïtiens.
L’avocat américain de l’ex-président Aristide, Ira J. Kurzban, a refusé de commenter les informations du Département de la Justice parce que l’ex-président ‘n’a été accusé d’aucun crime.’ Cependant, selon Kurzban, il s’agit de ‘la même campagne de diffamation orchestrée par les Etats-Unis contre Aristide depuis sa première élection en 1990.’
L’acte d’inculpation soutient que les sommes auraient été passées à ‘Officiel B’ (présumément Aristide) via une compagnie nommée Digitek qui aurait appartenu à son beau frère Lesly Lavelanet.
Jusqu’à présent, 7 personnes ont déjà été condamnées pour corruption et blanchiment d’argent, dont Patrick Joseph, qui a plaidé coupable en février dernier.
Patrick Joseph coopère avec l’accusation. Il serait un témoin crucial si l’ex-président Aristide venait à être formellement accusé dans cette affaire.
Patrick Joseph avait été directeur général de la Teleco de mars 2001 à juin 2003. Il aurait dit aux autorités judiciaires américaines qu’il a partagé une partie des sommes reçues avec Aristide, dit l’article du Miami Herald.
La Teleco a depuis été vendue à 60% à une compagnie vietnamienne, la Viettel.
Le père de Patrick Joseph, Venel Joseph, avait été nommé par Aristide gouverneur de la BRH (banque centrale). C’est lui qui est dénommé dans l’acte d’inculpation ‘Officiel A.’
La banque centrale a été utilisée pour distribuer les pots de vin versés par les firmes américaines.
Le Miami Herald signale aussi la grande manifestation qui s’est déroulée le 29 février écoulé pour marquer le 8e anniversaire du renversement brutal d’Aristide du pouvoir en 2004. En soulignant que cette manifestation donne la mesure de la popularité dont jouit encore l’ex-président haïtien.
Et aussi que c’est la plus importante protestation contre le président Michel Martelly depuis son arrivée au pouvoir en mai 2011.
Selon Alex Dupuy, un professeur de sociologie à Wesleyan University, ‘cet étalage de popularité peut être mal perçu par l’administration Obama qui s’était opposée au retour d’Aristide de son exil en Afrique du Sud.
C’est peut-être une façon de l’inviter à réfléchir avant de se lancer éventuellement à nouveau dans l’arène politique.’
Le Miami Herald souligne que Aristide avait été aussi investigué après les accusations portées contre lui par un baron haïtien de la drogue nommé Jacques Kétant, déclarant avoir effectué des ‘paiements’ au président.
Cependant les autorités judiciaires américaines n’ont pu bâtir un acte d’accusation faute d’avoir pu trouver les documents financiers pour appuyer les déclarations du trafiquant détenu en Floride depuis 2003.

(Haïti en Marche Mélodie FM)