Le Colloque National Contre la Pauvreté en Haïti a pris fin le Vendredi 9 Novembre, après quatre jours de rencontres au cours desquelles les participants ont eu la possibilité d’écouter les responsables de divers ministères ( Finance, Intérieur, Haïtien vivant à l’étranger, Condition féminine, Agriculture et la Ministre déléguée Chargée des Droits de l’Homme et de la Lutte Contre la Pauvreté Extrême) présenter leur vision de la pauvreté, et ce qu’ils pensaient devoir faire pour essayer de faire le pays s’en sortir. Il y avait aussi les conférenciers étrangers qui ont fait l‘exposé des diverses institutions établies chez eux pour lutter contre la pauvreté auxquels se sont ajoutés les responsables d’institutions haïtiennes de lute contre la pauvreté tels que Aba Grangou ou Ede Pèp . Après ces trois jours de rencontres, il y a eu la session finale avec les recommandations, résolutions et l’on s’est séparé en promettant de faire tout ce qui est possible pour améliorer la situation de cette grande partie de la population vivant en situation de pauvreté extrême. Si ce Colloque représente un certain effort venant des organisateurs, en l’occurrence la Ministre déléguée Chargée des Droits de l’Homme et de la Lutte Contre la Pauvreté Extrême, il ne serait pas exagéré de dire qu’il y a eu tout au long des assises, un décalage entre les présentations des conférenciers et les questions posées par le public. On s’en est rendu compte non seulement dans les questions elles-mêmes mais aussi dans la manière de les poser et le dépit des gens en attente d’une solution rapide et parfois toute faite . Ces questions restant souvent sans réponse , les interlocuteurs exprimant leur frustration devant une situation qui ne fait qu’empirer, malgré promesses et un certain effort du gouvernement , il faut le reconnaitre. Mais c’est quoi la pauvreté? Pourquoi en est-on arrivé à ce point? Le but de cet article n’est pas d’y répondre. Nous avons eu pour cela la communication du sociologue Daniel Supplice ( Histoire et Pauvreté en Haïti) ou celle du Dr Alrich Nicolas ( Bilan et Perspective de la Lutte contre la Pauvreté et l’Exclusion sociale en Haïti) pour ne citer que celles-là. Mais nous aimerions ajouter à ces diverses réflexions, celle d’ un auditeur de Mélodie FM qui suit toujours nos émissions et qui en ce qui concerne ce Colloque et les divers comptes rendus que nous en avons fait, n’a pu s’empêcher lui aussi d’exprimer une certaine frustration . Cet auditeur qui n’a pas tenu à garder l’anonymat est le directeur d’une école à Chantal dans le Sud du pays et a articulé sa réflexion comme sa Soif de Savoir davantage sur la pauvreté en Haïti . Et parmi les nombreuses questions qu’il pose nous en avons retenue une, à savoir Pourquoi un tel colloque s’est il tenu au Montana et non pas à Chantal ou à Marfranc ou à Barradères ou à Baie de Henne…etc…etc… Nous pensons qu’il a voulu par là exprimer sa frustration en voyant que la pauvreté n’était pas discuté avec les pauvres, mais avec des gens qui ne connaissent la pauvreté que dans des livres. Mais nous pourrions répondre à ce genre de remarques, car il y en a eu plusieurs autres du même genre, qu’il est bon, pour ne pas dire indispensable de prendre connaissance des problèmes des autres pays, faisant eux aussi partie des pays du sud, et des moyens utilisés pour en venir à bout. En apprenant davantage sur le modèle de Protection Sociale de l’Equateur dans la Lutte contre la pauvreté extrême ( présenté par Francisco Henriquez Bermeo, directeur du programme de protection sociale au ministère de l’inclusion économique et social), ou sur les moyens mis en oeuvre par l’Argentine pour lutter contre la pauvreté extrême ( Madame Irma Liliano Paredes De Periotti,) qui a parlé du programme de potagers ménagers ( Pro Huerta) installés maintenant aussi en Haïti et dont près de 1000 familles bénéficient ou sur le programme Cash Transfert et Programmes sociaux tel qu’exposé par Madame Suzana Gomez de Solidaridad de la République dominicaine on apprend de l’expériences d’autres, en élargissant son horizon sur la question. Et ce Colloque a largement donné cette possibilité, celle de faire connaissance avec les autres et d’écouter ce qu’ils ont fait pour améliorer la situation d’une importante tranche de la population. De tels échanges ont toute leur importance et si nous devrions retenir, ne serait-ce qu’une réflexion à avoir été exprimée lors du colloque , ce serait celle de Neigel Fischer, représentant civil des Nations Unies en Haïti qui a voulu faire ressortir cette agressivité qui est notre quand nous nous exprimons, quand nous posons une question par exemple, alors qu’en parlant sur un autre ton, on pourrait plus facilement s’asseoir ensemble pour avancer dans la quête d’une solution aux divers problèmes Cette agressivité qui caractérise les rapports entre les Haïtiens ne mènera à rien de concret et ne faudrait-il pas peut être commencer par là. Que l’on parle de la pauvreté extrême ou de tout autre problème le ton sur lequel le problème est abordé fait toute la différence. Mais sommes nous capables de cesser de nous envoyer des injures à la tête? Le colloque s’est terminé le vendredi 9 novembre avec les résolutions qui ont suivi les compte rendus des divers ateliers thématiques sur des sujets bien précis: - La Jeunesse - Les Femmes - Les Quartiers précaires Les participants au cours de cette séance de clôture ont aussi écouté une présentation sur la meilleure manière d’organiser la mobilisation et la participation citoyenne dans cette lutte contre la pauvreté extrême. Et à ce sujet, ils ont pu en apprendre davantage sur l’expérience du Québec dans ce domaine ( Vivian Labrie) avant d’arriver à sortir de la pauvreté en reconstituant le tissue économique et en relançant la production nationale ( professeur Louis Naud Pierre ) qui a aussi fait le travail de synthèse de ces divers ateliers. Mais quelles que soient les résolutions à avoir été adoptées, l’assistance avait été prévenue dès le départ, dès l’ouverture du Colloque, c’est à dire le Mardi 7 novembre. La ministre Rose Anne Auguste lui avait fait une promesse: « Après ce Colloque, la situation en Haïti devra être telle que le droit d’une minorité d’être riche ne devra plus avoir pour corollaire l’obligation d’une majorité de végéter dans la misère la plus abjecte ». Et la ministre avait été même plus loin en prenant des engagements : “Je voudrais vous assurer, en terminant, que les résultats contemplés de la tenue de ces assises sont appelés à transcender le cadre du discours et de l’analyse, pour intégrer une dynamique de matérialisation des idées où l’acte prendra nécessairement le relais de la parole.” “ L’Administration Martelly/Lamothe s’attèlera, avec l’appui de tous nos partenaires et des nantis de ce pays, à donner de la substance aux actions qu’il sera impératif de prendre, pour garantir à chaque haïtien défavorisé, le minimum vital sur la base duquel il construira son mieux- être, dans un cadre de vie où son droit au bonheur, en plus d’être reconnu, soit respecté et protégé.” Que Dieu l’entende !