On peut les voir, masses derrière les grilles du parc industriel de Caracol. Brandissant carte d’identification nationale et certificat de bonnes vie et mœurs, ce mercredi 14 novembre 2012, hommes et femmes s’impatientent à l’entrée des locaux inaugurés le 22 octobre dernier. A quelques mètres, des poteaux sont mis en terre pour l’électrification de la ville. Des ouvriers étrangers s’activent à passer les fils et installer le dernier appareillage. Dans quelques mois la commune de Caracol sera alimentée en électricité. Retombée directe de l’établissement du parc. Le Nouvelliste a realize un miocro trotoir parmi ces demandeurs, en quête d’emploi : - « Je vivais en République dominicaine depuis 2 ans, déclare Pierre Elie Raphaël, 34 ans. Avec l’ouverture de ce parc, je suis retourné en terre natale dans l’espoir de trouver un emploi. Mais cela fait 8 jours que je viens ici sans que personne ne m’ait reçu. Ma patience s’amenuise ». - « Je faisais de la couture, mais depuis quelque temps cette activité ne me rapporte plus », se plaint Louise Jeantilia, mère de famille d’une quarantaine d’années vivant à Limonade. La plupart du temps, je dois attendre la rentrée scolaire pour trouver du travail. J’ai appris à la radio qu’il y a du travail à Caracol. Donc, je viens pour en trouver. Mais je constate que ce n’est nullement facile ». Ils sont de Limonade, de Carriès, du Cap-Haïtien, de la République dominicaine, et de presque toutes les contrées avoisinantes à affluer à Caracol. Certains d’entre eux souhaitent trouver un emploi dans une des usines du nouveau parc industriel. D’autres se livrent déjà à leurs activités commerciales ou se font chauffeur de taxi-moto. Aménagé sur 250 hectares de terre dans la localité de Lombard-Fleury, le parc industriel de Caracol fait rêver plus d’un. Les compagnies SAE-A et Peinture Caraïbe ont été les premières à s’y implanter. A ce jour, plus d’un millier de personnes ont déjà trouvé un emploi. L’Unité technique d’exécution (UTE), organe du ministère de l’Economie et des Finances, assure la gestion du parc. « Nous avons implanté des kiosques d’information un peu partout pour distribuer des formulaires de recrutement », précise Michael De Lancheer, responsable de cette entité. Je ne comprends vraiment pas pourquoi des gens se sont massés devant les locaux et je travaille pour y remédier ». Avec ses deux sections communales, la ville de Caracol compte environ 10 000 habitants vivant de l’agriculture et de la pêche. « Le site du parc industriel était le grenier de la zone, fait remarquer Manassé Epithète, directeur général de la mairie de Caracol. Il fournissait du haricot noir et beaucoup de vivres. Nous sommes très heureux qu’un investissement important ait été fait dans la commune. » Toutefois, il fait part de son appréhension. « Nous n’avons aucune garantie sur la façon dont le parc industriel gérera sa grande quantité de déchets industriels et en particulier ceux dérivant du mazout avec lequel l’électricité est produite. De plus, la mairie de Caracol et la police ne sont nullement préparées à gérer le flux d’individus que le parc va attirer. Les recettes de la mairie dépassent rarement 100 000 gourdes et son budget de 500 000 gourdes est supporté à 80% par le ministère de l’Intérieur,» poursuit-il. La police, quant à elle, ne dispose que de faibles moyens; l'effectif ne dépasse pas 6. Elle fonctionne quasiment sans aucun matériel roulant. Il faut donc un investissement parallèle dans les structures administratives de la région pour éviter que Caracol ne devienne un monstre atrophié, prévient le directeur général de la mairie. Au terme de sa construction dans 5 ans, le parc industriel de Caracol devrait créer plus de 65 000 emplois, selon les prévisions du président Michel Martelly.