GARR (Groupe d'Appui aux Rapatriés et Refugiés)

 Des jeunes disent non à l'expulsion des LycéensPhoto: CIMADE 

L’organisation SUD éducation Guyane réagit à l’arrestation des dizaines de jeunes migrants  installés récemment sur le territoire guyanais. Interceptés sur le chemin de l’école ou sur le lieu de leur stage, ils  se sont fait confisquer leur passeport par la Police Aux Frontières(PAF). Ils seront dans l’obligation de quitter le territoire français, selon une  note publiée  le 21 octobre 2017 par  ladite organisation.

Ces jeunes migrants venant d’Haïti, du Surinam, de la République dominicaine, du Brésil ou d’ailleurs n’ont plus la possibilité de poursuivre leur activités scolaires. Plusieurs viennent en permanence au Réseau Education Sans Frontière(RESF) pour demander de l’aide et des conseils.

« Aucun n’a choisi de naître dans la misère ou la persécution. Malgré sa politique répressive à l’encontre des étrangers, malgré son racisme de plus en plus décomplexé, la France est perçue comme un eldorado par les populations pauvres du monde entier. », explique la note pour montrer le désespoir de ces jeunes qui avaient laissé leur pays d’origine accompagnés des membres de leurs familles.

D’après SUD éducation Guyane, de nombreuses familles étrangères tentent de s’installer en Guyane et d’y scolariser leurs enfants, quand elles le peuvent. Il est, certes, vrai que selon les lois françaises, ces enfants étrangers devraient bénéficier de la scolarité gratuite et obligatoire puisqu’ils vivent sur le territoire. Cependant en Guyane, ce sont plusieurs milliers d’enfants étrangers de 6 à 16 ans qui n’ont pas accès à l’école.

L'organisation dit constater une tendance à la xénophobie à travers le monde. Malheureusement, la population guyanaise, dans sa grande majorité, est dans l’indifférence et le repli sur soi. Les médias locaux font la sourde oreille. Les élus guyanais ne semblent pas préoccupés non plus par le sort réservé aux élèves étrangers, quand ils ne l’aggravent pas. La destruction des habitats de fortune du Mont Baduel, décidée par la maire de Cayenne en septembre 2017, en est l’exemple probant.

Cette décision a occasionné le déplacement des jeunes étrangers et leurs familles vers d’autres zones de bidonvilles. « En plus de conditions de vie indignes, les élèves ont désormais des temps de trajet encore plus longs pour aller à l’école. Certains ont tout simplement arrêté d’aller au collège ou au lycée, empêchés ou découragés. Les jeunes étrangers scolarisés vivent sous la menace permanente d’une reconduite aux frontières (ou de la destruction de leur maison), alors qu’ils devraient n’avoir à penser, comme tant d’autres de leur âge, qu’à la réussite de leurs études », argumente cette organisation qui travaille particulièrement au niveau éducatif.

La situation des élèves étrangers est particulière et reflète la quasi nullité de la protection de l’enfance sur le territoire guyanais, particulièrement sur les fleuves et dans l’ouest guyanais. Selon SUD éducation Guyane, les enfants peuvent subir les pires violences, n’avoir rien à manger, venir à l’école en haillons ou ne pas y venir du tout, sans l’attention de personne.

« Seuls ceux qui vivent l’horreur la plus insoutenable (viols et violence aggravée) ou ceux qui sont déjà délinquants sont pris en charge.», complète-elle en mettant en évidence les manquements flagrants de cette assistance  à savoir  l’accès aux soins médicaux et au suivi éducatif.

Tout en admettant une déficience des infrastructures scolaires face à la poussée démographique que connait actuellement la Guyane, l’organisation SUD éducation Guyane constate que le changement tarde à venir et la population guyanaise en souffre sérieusement.

Elle réclame des rénovations au niveau du système éducatif guyanais et lance un appel à l’État colonial en vue de favoriser des conditions dignes pour l’instruction de tous y compris les élèves étrangers.