Une délégation de Sénateurs haïtiens partent à Santo-Domingo pour rencontrer leurs collègues après l'arrêt du tribunal constitutionnel dominicain visant à enlever la nationalité aux citoyens dominicains d'origine haïtienne Port-au-Prince, le 3 octobre 2013 – (AHP) – Une délégation du Sénat, conduite par le président Dieuseul Simon Desras, doit laisser le pays ce vendredi à destination de Santo-Domingo en vue de rencontrer des sénateurs dominicains suite à la décision de la cour constitutionnelle dominicaine d’enlever la nationalité dominicaine à des dominicains nés de parents haïtiens après 1929. Le président du Sénat, Dieuseul Simon Desras, informe que la délégation comprendra entre autres les sénateurs Wenceslas Lambert, président de la commission affaires étrangères du grand corps et le sénateur Jean-Baptiste Bien-aimé, ancien consul d’Haït à Santiago. Dieuseul Simon Desras in forme que l’objectif de ce voyage sera d’essayer de trouver avec ses collègues dominicains les voies et moyens pour trouver une solution à ce problème. Une démarche qui entre dans le cadre de la diplomatie parlementaire, a-t-il dit, rappelant que la cour constitutionnelle n’est pas au-dessus des conventions internationales ratifiées par la République Dominicaine. Le parlementaire a salué la démarche des autorités haïtiennes qui ont convoqué jeudi l’ambassadeur dominicain à Port-au-Prince et dit appuyer toute voie diplomatique visant à porter la cour dominicaine à revenir sur sa décision. Des organisations politiques haïtiennes ont dénoncé avec véhémence la décision de la cour constitutionnelle dominicaine. C’est le cas de l’organisation du peuple en lutte OPL. Son coordonnateur national, Sauveur Pierre-Etienne, soutient que l’objectif des autorités dominicaines, est de mettre en place un régime anti-noir. Cet arrêt, a-t-il dit, est une bombe nazie en miniature, rappelant que une pareille décision de Trujillo avait abouti au massacre de 1937. Le responsable de l'OPL a souligné qu’il y a une montée en puissance des dominicains d’origine africaine et haïtienne, Jeudi, des dizaines de personnes s’étaient massées pacifiquement devant l’ambassade dominicaine à Port-au-Prince en vue de signifier leur désaccord avec la cour constitutionnelle dominicaine. Ce mouvement de protestation a été organisé à l’initiative de plusieurs organisations de droits humains dont le GARR, le RNDDH et la POHDH. Le secrétaire exécutif de la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains, Anthonal Mortimé, a fait savoir qu’une correspondance a été remise aux responsables de l’ambassade dominicaine en vue d’exprimer l’indignation haïtienne. Il a demandé aux autorités haïtiennes d’user de la carte diplomatique pour empêcher la matérialisation de la décision du tribunal dominicain. Pour sa part, la responsable de programme du RNDDH (Réseau National de Défense de Droits Humains), Marie Yolène Gilles Colas, a qualifié de discriminatoire la décision de la cour constitutionnelle dominicaine, qui viole la déclaration universelle des droits humains. Elle informe que tout un programme de mobilisation a été mis en place par les organisations de droits humains pour forer les autorités dominicaines à se rétracter. Pour beaucoup de secteurs en Haïti, cette décision, quoique en disent les autorités politiques dominicaines, n'est pas sans rapport avec les mesures d'interdiction d'importation d'un ensemble de produits dominicains, prises par les autorités haïtiennes. L'arrêt de la Cour dominicaine prise vraisemblablement avec l'accord des autorités, même s'il concerne aussi des citoyens dominicains d'origine autre qu'haïtienne, vise en réalité à porter les autorités haïtiennes à être plus souples dans leurs négociations avec la République dominicaine. Après les produits carnés pour cause de grippe aviaire, Haïti a interdit l’importation de sacs en polyéthylène et des intrants et objets en polystyrène, pour "protéger l'environnement". Ce qui a provoqué une vague de mécontentement au pays voisin. Maintenant, avec l'arrêt du tribunal dominicain, le problème se trouve dans le camp haïtien, même si le chancelier Pierre Richard Casimir a indiqué qu'il s'agit d'abord d'un problème entre Dominicains et Dominicains. Car si les responsables dominicains devaient, malgré la violation des chartes internationales, mettre en application, la mesure de la cour constitutionnelle, en exilant des milliers de dominicains dans un pays qu'ils ne connaissent pas, Haïti se retrouverait face à une grave crise humanitaire.