LETTRES MORT DE MIMI BATHELEMY La communauté haïtienne de France vient de perdre l'un de ses grands représentants avec le passage à l'Orient éternel, le samedi 27 Avril 2013, à Paris, de Mimi Barthélémy. Une voix sûre de la culture de notre pays qui s’en est allée subitement ; la peine est plus que palpable dans notre communauté. Ses contes, dits avec précision, légèreté et humour constituent des chefs d'œuvre de la littérature orale haïtienne. La dernière fois que nous l’avons vue sur scène, c'était à Massy Palaiseau, en banlieue parisienne, au Festival des arts haïtiens organisé chaque année par notre compatriote Lorfils Réjoui. Mimi était toujours là, chez les grands comme chez les petits de la communauté, avec le même respect, la même promptitude, la même perfection. L'Ambassadrice de la culture haïtienne à Paris était encore en répétition avec son musicien fétiche qui l'accompagnait partout, Amos Coulanges, pour des prestations programmées en Mai prochain. Lors de la présentation du film qui raconte sa vie, elle avait beaucoup parlé de son enfance en Haïti. Généreuse, ces dernières années, elle prenait sous sa coupe d'autres conteurs haïtiens comme Jude qui a aussi un grand talent et est prêt pour la relève etc. Haïti était présente dans chacun de ses spectacles. Puisant dans la riche tradition orale de son pays d’origine, elle a su imposer un style bien à elle. Auteure et comédienne elle a collaboré à la création de plusieurs spectacles dans les années 80, avec notamment Rafaël Murillo Selva, c’était au Honduras en 1981. Avec ou sans musiciens sur scène, Mimi excellait dans les contes chantés inspirés de la tradition orale haïtienne. Qui n’a jamais écouté Mimi dans « l’Oranger Magique » qu’elle a écrit en 1985, un chef d’œuvre de lyrisme puisé dans l’imaginaire haïtien, magistralement restitué sur scène avec une grâce infinie. Elle récidive en 1987 dans « la Reine des Poissons ». Elle possédait aussi une plume étincelante de lumière dans ses livres de contes publiés chez plusieurs éditeurs parisiens, ses disques de contes pour enfants et adultes qu’elle a enregistrés. Elle était aussi une dramaturge, cette activité est moins connue de ses compatriotes haïtiens mais tout aussi florissante. La conteuse haïtienne a obtenu de nombreux prix. En 1989, le « Becker D’or » pour « la Reine des Poissons », un conte qui l’avait définitivement imposé sur les scènes françaises. En 1992, le grand prix Arlety de l’universalité de la langue française, pour son fameux conte « La dernière lettre de l’amiral ». Elle a été maintes fois décorée par les autorités françaises. En 2000, au grade de Chevalier de l’ordre national du mérite et l’année suivante celui des Arts et des Lettres. Enfin en 2010, le Ministre de la Culture Frederic Mitterrand l’a faite chevalier de la Légion d’honneur. Mimi Barthelemy est une ancienne étudiante de l’Institut des Sciences Politiques à Paris, la célèbre école de la rue Saint Guillaume. Elle a obtenu en 1984 un doctorat d’Etudes Théâtrales et cinématographiques à l’Université de Paris VIII. Maguet Delva pour Haïti en Marche