Un vent de fronde souffle actuellement sur la classe politique dominicaine, à quatre jours du premier round des négociations réunissant à Ouanaminthe les dix membres de la Commission mixte haitiano-dominicaine chargée de régler les différends entre les deux pays. Le Gouvernement haïtien a annoncé vendredi la composition des membres de la délégation haïtienne qui représentera Haïti à la table de négociations le 7 janvier prochain à Ouanaminthe : le Premier Ministre Laurent Lamothe (président), le ministre des Affaires étrangères Pierre Richard Casimir, deux autres ministres et l’économiste Nesmy Manigat. Dans les milieux ultranationalistes dominicains, opposés à toute remise en question du statu quo actuel, c’est le branle-bas de combat, signe d’une profonde préoccupation : “Le président Medina doit suspendre le dialogue avec Haïti”, déclare Vinicio Castillo, leader influent de la Force Nationale Progressiste, un parti allié au Parti de la Libération Dominicaine (PLD-au pouvoir), et chef de file des ultranationalistes connus pour leur position résolument anti-haïtienne. Les observateurs de la situation rappellent que dès 2008, le PLD avait déjà envisagé, dans son programme électoral, d’exclure les descendants d’Haïtiens de l’exercice de la citoyenneté et de leur enlever ainsi le droit de vote. Ce projet d’exclusion consacrait ainsi l’alliance électorale conclue entre le PLD et la « Fuerza Nacional Progressista » – la “Force Nationale Progressiste – FNP”, un parti ultra nationaliste, jugé “raciste et anti-haitien”. Pour le leader du FNP, le message de la Première Ministre de Trinidad et Tobago, Kamla Parsad Bissessar au Président Medina en décembre dernier, est “une insulte à la souveraineté de la République Dominicaine”. La Première Ministre Bissessar et actuelle présidente actuelle de la CARICOM avait envoyé au président dominicain une correspondance dans laquelle elle l’exhortait à “prendre des mesures pour restituer immédiatement la nationalité dominicaine aux personnes qui ont été dénationalisées”. Le 22 décembre 2013, l’archevêque de Santo Domingo, le Cardinal Nicolás de Jesús López Rodríguez, commentant la nouvelle relative à la reprise des pourparlers entre Haïti et la République dominicaine, décidée lors du Sommet Petrocaribe à Caracas, avait mis les autorités en garde contre toute remise en question de l’arrêt 168-13 du Tribunal constitutionnel. Par cette prise de position, le prélat dominicain s’était attiré les foudres de l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, ce dernier n’hésitant à souhaiter que le pape François le démette de ses fonctions pour racisme.