AHP - La République Dominicaine a été une nouvelle fois sur le banc des accusés lors des sessions de travail de la XVIIIème période extraordinaire de la Cour Interaméricaine des droits de l’homme. Cette session s’est tenue dans la capitale Mexicaine les 8 et 9 octobre. Les audiences ont abordé le dossier des rapatriements massifs et discriminatoires de citoyens haïtiens et dominicains noirs de 1994 à 2000. La cour a écouté les témoignages des victimes, de leurs représentants ainsi que des officiels et experts de l’État dominicain. Parmi ces derniers, des promoteurs de l’ anti-haïtianisme en République Dominicaine. « Ce qui pourrait paraitre contradictoire aux intérêts de la République Dominicaine, par devant une cour internationale doit être considéré comme un choix délibéré, un signal de tolérance de l’ anti-haïtianisme d’État qui devrait nous préoccuper » a affirmé Edwin Paraison, directeur exécutif de la Fondation Zile. Manuel Nuñez Asencio, un intellectuel , professeur à l’ académie diplomatique logée à la chancellerie dominicaine, mène depuis des années une campagne de dénigrement contre Haïti et la communauté haïtienne à partir d’ espaces officiels. Asencio est persuadé de l’existence d’un plan de fusion des deux pays mis au point par un secteur de la communauté internationale et se réalisant petit à petit par une invasion pacifique du territoire dominicain par les haïtiens venant y chercher du travail. Récemment, Nuñez Asencio était a la tète d’ une marche publique contre la présence haïtienne à Bavaro, une communauté touristique située à l' Est de la République Domincaine. De façon insolite, cette manifestation a été appuyée par le Directeur de l’ immigration, Jose Ricardo Taveras, secrétaire général du parti Force Nationale Progressiste (FNP) – alliée du parti au pouvoir, le PLD ou Parti de la Libération Dominicaine - dont le discours repose sur l’ anti-haïtianisme. Roman Santo, secrétaire d’ organisation de la FNP, sous directeur de l’ immigration, lors des audiences a affirmé qu’ il est « absurde » de penser à des pratiques racistes et discriminatoires par l’ État dominicain quand les Haïtiens ont accès à la santé, à l’ éducation et même aux tribunaux. De même, a-t-il rejeté que la RD procède à des rapatriements massifs et contraires aux droits humains comme le dénoncent fréquemment les ONG branchées sur ce dossier installées dans la zone frontalière. Néanmoins, Bridget Wooding, de l’ ONG Obmica lors de la présentation par devant la cour, a précisé que pour seulement les 13 mois de l’ administration Medina, plus de 47.000 haïtiens ont été rapatriés, parmi eux un nombre important de dominicains noirs expulsés de leur propre territoire à cause de la couleur de leur peau.