Le Collectif contre l’impunité exige que lumière soit faite sur les massacres du 26 avril 1963 et du 26 avril 1986.

« À l’aube de ces 53 ans du massacre du 26 avril 1963 (et des 30 ans du massacre du 26 avril 1986), aucune lumière n’a été faite par la justice. L’État et la justice haïtienne refusent de faire la lumière sur ces massacres jusqu’à nos jours », déplore la présidente du Collectif contre l’impunité, Danièle Magloire, invitée à l’émission Ekososyal sur AlterRadio.

Le 26 avril 1963 rappelle le massacre, par le dictateur François Duvalier (1957-1971), de plusieurs familles, notamment de militaires, soupçonnés d’implication dans une tentative d’enlèvement de Jean-Claude Duvalier, son fils.

Des maisons avaient été incendiées avec leurs occupants, des enfants enlevés, des familles entières arrêtées, torturées, tuées, disparues.

Le 26 avril 1986, lors d’une nouvelle tuerie (à l’occasion d’une manifestation de souvenir du 26 avril 1963), Wilson Auguste, (18 ans, élève du collège Jean Price Mars), Fred Coriolan (27 ans, ingénieur-agronome), Wilson Micaisse (16 ans), Yves Erié (29 ans), Jakson Row (29 ans, employé du journal Le Nouvelliste) ont trouvé la mort, non loin de Fort Dimanche (désigné comme Fort La Mort), où ont été torturées et assassinées beaucoup (un nombre indéterminé) de personnes sous la dictature des Duvalier.

Après ce drame, aucune sanction n’a été réservée pour les bourreaux, critique la sociologue féministe, soulignant combien l’impunité continue de défrayer la chronique en Haïti.

Le phénomène « Boat people » a commencé sous le régime des Duvalier, avec la misère, doublée d’une terreur installée dans le pays.

Durant cette période, beaucoup d’Haïtiennes et d’Haïtiens allaient traverser la frontière haitiano-dominicaine, pour aller travailler la terre, parfois même contre leur gré.

Certains ont été vendus par les autorités haïtiennes aux autorités dominicaines comme des marchandises, dénonce le Collectif contre l’impunité.

Après la chute de la dictature, les Forces Armées d’Haïti (Fadh) ont encore massacré, le 26 avril 1986, des gens qui manifestaient devant la prison Fort Dimanche, considérée comme un symbole de l’ère duvaliériste.

Jean-Claude Duvalier (3 juillet 1951 - 4 octobre 2014) a été l’objet de poursuites pour crimes économiques et crimes contre l’humanité, depuis son retour en Haïti, le 16 janvier 2011, après un exil de 25 ans en France.

Des organisations internationales de droits humains avaient exigé la poursuite des procédures judiciaires, engagées contre le défunt dictateur et ses collaborateurs, dans un communiqué de presse conjoint, daté du 20 février 2016.

Aucune conclusion n’a encore été rendue publique autour des investigations, liées aux accusations de crimes contre l’humanité et de ceux liés à de graves atteintes aux droits humains, portées contre Jean-Claude Duvalier et d’autres personnes, a rappelé le communiqué.

Les victimes des crimes, perpétrés sous le régime de Duvalier, et leurs familles, attendent justice depuis 30 ans (depuis le 7 février 1986), a déploré Amanda Klasing, chercheuse sur les droits des femmes à Human Rights Watch.