ET PUIS, IL Y A AUSSI LA CROIX ROUGE AMERICANE QUI AURAIT RECUEILLI EN DON UN DEMI MILLION DE DOLLARS ET QUI A CONSTRUIT 6 MAISONS… AVEC CE DON.

Les réactions de la société civile haïtienne

Plusieurs personnalités de la société civile se montrent désabusées, suite à une enquête révélant la gestion douteuse de l’aide post-séisme par la Croix-Rouge américaine fin 2011, selon les réactions recueillies par AlterPresse.

La Croix-rouge américaine a conduit un programme d’un demi-milliard de dollars (US $ 1.00 = 50.00 gourdes ; 1euro = 60.00 gourdes aujourd’hui), ayant pour but principal la construction de plusieurs centaines de maisons permanentes, selon l’investigation réalisée conjointement par deux journalistes de ProPublica et de la National Public Radio (Npr).

Mais, si la Croix-Rouge américaine prétend avoir fourni des maisons à plus de 130 mille personnes, en réalité le nombre de logements permanents effectivement construits s’élève à six, affirment ces journalistes.

Cela laisse planer certains doutes sur l’utilisation des fonds, récoltés en faveur des Haïtiens après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Dans un communiqué, la Croix rouge Américaine a rejeté, d’un revers de main, les révélations de cette enquête et dénoncé, avec véhémence, un manque « d’équilibre », de « contexte » et de « précision » dans les faits qui lui sont reprochés.

La Croix-Rouge a expliqué, en long et en large, comment elle a fait usage de ces fonds pour construire et exploiter huit hôpitaux et cliniques, endiguer l’épidémie de choléra, fournir de l’eau potable, faire de l’assainissement et déplacer plus de 100,000 personnes dans des tentes de fortune vers des maisons dites améliorées.

Désabusement et demande d’audit

« Si la Croix-Rouge avait investi ce demi-milliard de dollars américains dans la canalisation, dans l’agriculture, cela aurait pu permettre aux gens du secteur agricole de vivre mieux », estime, très critique, Osnel Jean-Baptiste, coordonnateur de l’organisation Tèt kote ti peyizan ayisyen.

Après le 12 janvier 2010, l’ensemble des Organisations non gouvernementales (Ong) seraient venues avec l’idée de pousser le pays davantage dans l’effondrement, aux yeux de Tèt kote ti peyizan ayisyen.

« Il faut qu’il y ait un bilan de la reconstruction. Il faut qu’il y ait un bilan de l’ensemble des aides qui ont été données. Il faut un audit des fonds de la reconstruction d’Haiti », demande, pour sa part, l’animatrice sociale et militante féministe Olga Benoit, de l’organisation Solidarite Fanm Ayisyèn (Solidarité des Femmes Haïtiennes / Sofa).

Des millions de dollars ont été dépensés en Haïti, alors qu’aucun projet structurant n’a vu le jour, déplore la militante.

De son côté, Pierre Esperance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), affirme que « les organisations viennent, généralement, en Haïti pour exécuter leurs programmes, sans, pourtant, travailler avec les Haïtiens. [Et] le résultat est zéro ».

Il ajoute que l’on trouve des résultats là où ce sont les organisations locales qui travaillent avec les acteurs locaux.

Depuis le séisme, l’aide internationale a été à plusieurs reprises critiquée, notamment par le réalisateur haïtien Raoul Peck avec son retentissant documentaire « Assistance mortelle ».

Une commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (Cirh), créée après le drame, est passée comme une lettre à la poste, alors qu’elle était censée mener les chantiers et orienter les milliards de dollars promis au relèvement du pays caraibéen.

Ce n’est en outre pas la première fois que l’aide américaine est mise en cause.

En 2012, un article du Courrier international avait mentionné l’armée américaine comme l’un des principaux bénéficiaires de l’aide post-séisme, recevant 33 centimes sur chaque dollar envoyé à titre d’allocation d’urgence.