C’est une extraordinaire exposition.

Nous sommes chanceux de l’avoir dans nos murs.

Son vernissage a eu lieu le Mercredi 16 Novembre au MUPANAH, le Musée du Panthéon National.

Mis en train par deux femmes, la Directrice du Musée Mme Michèle Frish et Mme Monique Rocours conseillère à l’ATH, l’Association Touristique d’Haïti, elle a été rendue possible par le Ministère de la Culture, dont le titulaire Marc Aurèle Garcia explique dès les premières pages  du catalogue   le véritable sens d’une telle démarche:

 “ L’exposition baptisée Mémoires libérées Afrique, Caraïbe, Europe,  met en évidence une histoire culturelle partagée par trois continents. , tout en rappelant que les maillons de cette chaine historique relient des populations concernées par un passé douloureux.

Le grand défi de cette exposition est de montrer aux visiteurs haïtiens et étrangers que l’esclavage et la traite vécue sur trois continents ont laissé de nombreuses traces et des mémoires en héritages propres à chacun.

Elle veut aussi rappeler à tous qu’il existe un lien avec les héritages présents dans nos sociétés contemporaines.

 Voici pourquoi il est très important de connaitre l’histoire, celle de la traite, celle de l’esclavage pour comprendre certains comportements que nous pouvons avoir dans l’Haïti d’aujourd’hui …

 L’une des composantes de cette exposition est le chapitre se rapportant au marronnage.

 Le marron fuit la plantation pour contester son asservissement. Partout où il y a esclavage, il y a marronnage. Souvent des communautés se constituent et s’installent dans des zones éloignées de la société esclavagiste. …

Et sur l’une des  plaques exposées à l’entrée de l’exposition,  nous retrouvons l’histoire de plusieurs de ces célèbres nèg marron.

  Tels que:

 Nanny, 1685-1760) Jamaïque.  Ashandi du Ghana née en 1685 , Nanny est vendue et déportée vers la Jmaique pour travailler dans une plantation sucrière.  Avec 4 compagnons, Accompong, Cudjoe, Johnny et Quao, elle fuit  dans les Blue Mountains. Ils fondent  des communautés de marrons:  Nanny Town, Accompong Town, Cudjoe Town, Réputés bons combattants, ils posent de sérieux problèmes aux colons et  ils imposent des accords (1738) Autonomes sur un  territoire délimité, ils créent une société parallèlle  à la société esclavagiste. Les “rebelles” de Saint-Domingue ont connus plusieurs leaders: Padrejean (1679) la confrérie de Colas Jambes-coupés  (1723) Mackandal (1745-1748), Jean François Biassou et Toussaint qui conduisent les insurgés du Nord de 1791à 93.

 Franswa Mackandal , mort en 1758. Originaire d’Afrique, peut être kongo, il est  esclave sur une propriété de Lenormand  de Mézy au Limbé. Maltraité, il fuit la plantation et commence à marronner,  Sa réputation d’empoisonneur fait  peur. Trahi par les siens, il est capturé et accusé de “ séduction, profanation et  empoisonnement”  par l’autorité coloniale française. Condamné à mort, il est livré le jour même au bûcher. A chaque fois, on prète à ces rebelles  des pouvoirs surnaturels liés aux religions africaines. Nanny est qualifiée ‘Obeah,  Mackandal est soupçonné d’être un houngan, un prêtre vaudou.

 Et puis, autre plaque,  l’Histoire du Bois Caiman

Voici comment est racontée cette Histoire: 

Le 14 août 1791, sur l’habitation Lenorman au Morne Rouge,  un rassemblement d’esclaves, principalement des ches d’ateliers auquel, selon les témoignages participait BOUKMAN.  Cet événement aurait réuni environ 200 des membres les plus influents des communautés d’esclaves du Limbé et de Limonade.  Après avoir discuté des événements qui se produisaient en France et dont ils avaient entendu parler,  ces esclaves décident de se révolter contre le système qui les maintenait en esclavage.

La tradition orale de cet événement recueillie par Hérard Dumesle laisse croire qu’une prière aurait été faite  par Boukman qui aurait ainsi commencé ce qui dans l’imaginaire haïtien est  devenu la “ cérémonie vaudou du Bois Caïman”. .

 Et puis une troisième plaque, que vous trouverez exposée toujours au MUPANAH donne la liste de quelques uns de ces célèbres nèg Mawon: Hatuey, Sebastian; Lemba,  Juan Criollo,  Bayao, Benkos Biohò,  Romaine la Prophétèse, Lamour Dérance, Kebinka, Zabeth, Laplume,  Couloute,  Macajoux,  Colas Bras Coupé,  Trois Balles,  Cécile Fatiman,  Polydor, Larose, Télémaque… pour ne citer que quelques uns de ces nèg Mawon figurant sur la liste….

 Mais l’exposition Mémoires Libérées c’est encore davantage.

L’HISTOIRE DE CETTE EXPOSITION?

Tout a commencé dans la ville de Nantes,

En effet la réalisation  de l’exposition Mémoires Libérées est une aventure humaine qui s’est déroulée durant plus d’un an sur les trois continents de l’Atlantique, à travers des échanges internationaux permanents. Une centaine de personnes originaires des 5 pays partenaires se sont associées à ce vaste projet.

 Le travail scientifique  a été animé et élaboré par les membres du Comité scientifique au cours de Journés d’études dans chaque pays et au cours de trois réunions internationals à Nantes ( France), à Bafoussan  ( Cameroun) et à St John ( Antigua et Barbade)

 Le travail artistique a été conçu et realisé au cours de deux résidences artistiques aux Etats-Unis et au Sénégal auxquels ont participle les sept artistes qui ont créé les oeuvres exposées .

Ces artistes qui sont-ils ?

 D’abord laissez moi vous dire qu’ils sont originaires de sept pays différents.

 Ils ont pour nom Alex Bien-Aimé, Haïti, dont le tableau  est tout à l’honneur à l’entrée de l’exposition. Les différents éléments du tableau sont: la rencontre des ethnies représentées par plusieur flêches de couleur marron pointées vers la porte du NON RETOUR… Alex Bien Aimé est le seul artiste présent au vernissage et est invité par la Directrice du MUPANAH Michèle Frish à raconter à l’assistance son tableau.

Puis il y a le tableau de Jean Marc Hunt, de Guadeloupe. Et lui ( cette fois dans le catalogue de l’exposition) raconte son travail qui a consisté à coudre 1.500 coquillages en une forme de lustre suspendu.

Le tableau No 3 est de George Marks, qui vient des Etats-Unis. Il s’agit d’une homme blanc, et descendant de propriétaires d’esclaves. Aussi avec son tableau il se sent obligé de justifier sa participation au Projet mémoires libérées, un projet qui se concentre sur le sort des esclaves  Et le tableau de George Marks  est consacré d’abord à l’espace occupé par les enfants africains dans les bateaux négriers , mais surtout aux 2.200 enfants recensés qui sont morts en esclavage. 

Tableau No 4 est du peintre Hervé Youmbi du Cameroun. Il s’agit d’un jeune homme d’une tristesse infinite derrière des barreaux . Ce jeune homme triste est le témoin de tout ce qui s’est passé. Il s’agit pour le peintre de poser le rôle de l’Eglise, de celui de la religion dans la pratique de la traite et de l’esclavage…

Tableau No 5 est de Mark Brown, d’Antigua et Barbuda. Cette oeuvre, dit il en parlant de son tableau a changé la conscience que j’avais de mes héritages ancestraux , de mon histoire et a dès lors éclairé mon avenir. 

Tableau No 6 de Mballo Kébé du Sénégal. Voici ce qu’il dit de son oeuvre: A droite de la toile, c’est le portrait en pointillé du président Abraham Lincoln avec le discours qu’il a prononcé devant le Sénat, demandant l’abolition de l’esclavage. Mais c’est aussi le récit du premier meeting organisé réunissant: anciens esclaves et leurs maîtres.

Et puis on arrive au dernier tableau : Tableau No 7. L’artiste est français et s’appelle Philippe Monges. Il regroupe une série de photographies afro américaines. Les portraits viennent des studios du Mississipi et d’autres états américains, tel le Missouri. D’une façon générale ces portraits reflètent la situation afro américaine après l’esclavage.

 Ces 7 peintres ont fait l’objet d’une résidence artistique , aux Etats-Unis et au Sénégal.

 Mais il n’y a pas que les tableaux de ces 7 peintres à l’Exposition Mémoires libérées… J’ai beaucoup insisté sur eux, parce que j’ai été particuièrement frappé par la beauté artistique de ces oeuvres  exposées…

 Mais il y aussi des objets, baucoup d’objets datant de l’époque pré-colombienne et puis, il y a ces projets en vue de la création d’ un tourisme d’histoire sur les traces de l’esclavage.

 Par exemple pour Haïti, on lit dans le catalogue de l’exposition : Aménagement et création d’un parcours de visite pour l’habitation DION ( où se truve la ruine d’une plantation caféière)

Et puis il y aussi la création du catalogue Haiti-Afrique 2 coeurs en raisonnance au parc historiqu de la Cane à Sucre de Port-au-prince.

Pour  Antigua-Barbuda, , on prévoit la création d’un parcours de visite  sur les îles d’Antigua. Au Cameroun la création d’un parcours de visites sur les traces des caravans d’esclaves, Et aussi Appui à la creation d’un Musée sur  l’histoire de l’esclavage

Enfin pour le Sénégal, on prévoit la réalisatio d’une publication pour répertorier les sites de mémoire de la traite des esclaves  dans le pays.

 Maintenant qu’est ce qu’il va y avoir d’autres pendant le temps que va durer cette exposition chez nous ?

 Je dois vous dire qu’après Haïti, l’Exposition partira pour le Cameroun, le Sénégal  pour revenir après à Antigua/Barbuda.

 Quel est le programme d’activités ‘’accompagnement de l’Exposition Internatioale itinérante: Mémoires libérées?

 Il est prévu des conférences-débats sur la Bataille de Vertières avec projection et sur la bataille de la Crète à Pierrot par Pierre Buteau, JEUDI 17 Novembre

Aussi une visite guidée au MUPANAH Célébration de la Bataille de Vertière le 18 NOVEMBRE.

Au Bureau National D’ethnologie, il y aura l’Exposition des costumes dévotionnels vaudou. Ce sera le Lundi 21 novembre

Exposition photographique/Vente par Imagine Ayiti, conférence sur les fortifications cloniales de St Domingue le Jeudi 24 novembre ( BNDH)

Conférence sur les batailles pour l’indépendance dans le department de l’ouest par Michaelle SaintNatus et ce sera au Parc de la Canne à Sucre Vendredi 25 Novembre, 10 heurs du matin.

Samedi 26 Novmbre Matheux Visite des Sites du Fort Drouet et de l’Habiation Dion avec l’ISPAN et l’Association ATH

 Ceci pour ne citer que quelques unes des activités. Pour la liste complète, vous pouve la réclamer au MUPANAH .

Vous en profiterez pour visiter lExposition: Mémoires libérées Des Origines aux heritages de l’esclavage.

Elle durera jusqu’au 4 Janvier au mUPANAH. Après ce sera le depart pour l’Afrique