L'ambassadeur Pedro Antonio Canino Gonzales est monté au créneau pour dénoncer ce qu'il estime être de l'ingérence de la part de la Banque Mondiale dans un programme qui ne concerne que le Venezuela et Haiti. Le diplomate vénézuélien réagissait dimanche dernier à des propos tenus, début décembre, par l'envoyée spéciale de la Banque Mondiale, Mary Barton-Dock, qui lors d'un point de presse avait dénoncé une certaine opacité dans la gestion du programme Petrocaribe. "Il faut une utilisation sage des financements de Petrocaribe dans l'économie du pays [...] pour avoir cette transparence, il faut améliorer la gestion, soigner la préparation du budget d'investissement", avait insisté Mary Barton-Dock, exigeant des rapports de gestion plus détaillés du programme. Une démarche que l'ambassadeur Gonzales a qualifiée "d'insolente". L'ambassadeur a rappelé que la révolution bolivarienne visait justement "à écarter les institutions impérialistes comme la Banque Mondiale" des initiatives économiques du Venezuela, afin de lui permettre d'établir en toute indépendance des partenariats avec les pays de son choix. Dans la foulée le diplomate vénézuélien a exigé des explications autour des motifs justifiant ces critiques et ces demandes de détails, d'autant que son pays, a-t-il affirmé, est entièrement satisfait du fonctionnement et de la gestion de ce fonds. Cette remarque publique de l'envoyée spéciale de la Banque Mondiale avait eu l'effet d'une douche froide au sein du gouvernement haïtien qui, irrité, a réagi avec vigueur pour blâmer des propos jugés déplacés. "Ces propos insultent le peuple haïtien", avait déploré un Premier Ministre Laurent Lamothe s'exprimant en Conseil des Ministres. "Pendant 27 jours, des experts vénézuéliens ont audité le programme Petrocaribe et le résultat a été plus qu'acceptable". Le Premier Ministre en avait profité pour critiquer par contre la lenteur et la complexité des procédures financières des lnstitutions de Bretton-Woods. "Il y a des délais interminables pour recevoir un seul dollar de la Banque Mondiale", avait indiqué Laurent Lamothe, invitant cette dernière à améliorer le processus de décaissement des fonds alloués dans le cadre de la coopération internationale pour le développement. Petrocaribe est une alliance, créée en juin 2005, entre les pays des Caraïbes et le Venezuela, premier exportateur de brut latino-américain, leur permettant d'acheter le pétrole à ce dernier à des conditions de paiement préférentielles. À la faveur de l'Accord Petrocaribe qui a démarré en octobre 2007, l'État haïtien bénéficie de facilités de paiement pour l'achat de gazoline, de diesel, de kérozène, de mazout et d'asphalte du Venezuela, principal fournisseur du marché local depuis plus de 20 ans. Ces produits pétroliers sont achetés aux prix en vigueur sur le marché international. Les commandes sont placées à travers le Bureau de Monétisation, ci-devant Bureau de Gestion PL-480, pour le compte des compagnies pétrolières locales. Le Bureau de Monétisation joue un rôle d'intermédiaire entre le fournisseur vénézuélien PDVSA Petrol