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L’enquête sur le massacre de La Saline progresse lentement.
Des témoins et victimes dans le massacre de La Saline ont confronté jeudi l’ex-délégué départemental de l’Ouest, Pierre-Richard Duplan au cabinet d’instruction, a appris RHINEWS auprès d’une source proche du dossier qui a requis l’anonymat.
Dans le cadre de cette confrontation, les victimes ont raconté le déroulement de la tuerie. Elles ont fait état également de l’implication présumée de M. Duplan entre autres, qui a déjà été auditionné plusieurs fois par le magistrat, Jean Wilner Morin en charge de l’instruction de l’affaire.
Au terme de cette confrontation, l’inculpé Pierre-Richard Duplan est rentré chez lui ainsi que les témoins à charge.
D’autres confrontations pourraient avoir lieu dans le cadre de l’instruction de ce dossier
Au moins 71 personnes ont été tuées, plusieurs dizaines d’autres blessées, des femmes et filles violées, des dizaines de maisonnettes incendiées entre autres par les assaillants qui ont perpétré le massacre, les 13 et 14 novembre 2018 sous l’administration Moïse.
Les corps calcinés de la plupart des victimes ont été traînés dans la rue et dévorés par des chiens et cochons affamés. Certaines de ces scènes macabres qui ont fortement choqué l’opinion publique, ont été filmées et diffusées sur les réseaux.
Plusieurs milliers de personne ont été contraintes d’abandonner le quartier de La Saline pour se réfugier à la place d’Italie, au Bicentenaire, dans l’indifférence des autorités gouvernementales qui se sont toujours abstenues d’évoquer cette affaire.
Qualifié de massacre d’Etat par divers organismes des droits humains nationaux et internationaux et l’ONU, ce carnage a été perpétré par des gangs armés à la solde du régime PHTK, encadrés par des agents de la police et des officiels de l’exécutif dont Pierre Richard Duplan, ex-délégué de l’Ouest et Fednel Monchéry, ancien directeur général du ministère de l’intérieur, selon ces organisations des droits humains.
A part Duplan, l’ex-directeur général du ministère de l’intérieur, Fednel Monchéry et l’ancien policier, Jimmy “Barbecue” Cherizier, actuel chef de la fédération des gangs dénommée « Viv Ansanm», sont également accusés d’implication dans cette affaire pour laquelle ils ont été sanctionnés en décembre 2020, par le département du Trésor des États-Unis, via l’Office of Foreign Assets Control, en vertu de la ‘‘Global Magnitsky Human Rights Accountability Act.’’
Ces sanctions impliquent la restriction de visa 7031(c) du Département d’État pour promouvoir la responsabilité et dissuader les violations des droits de l’homme et la corruption en Haïti et ailleurs.
Jusqu’ici, les trois hommes n’avaient jamais été inquiétés et ont toujours nié toute implication dans le massacre de La Saline.
Les deux ex-fonctionnaires publics, Monchéry et Duplan, n’ont finalement été licenciés qu’après la pression de la société civile haïtienne.
Un rapport d’enquête de la police judiciaire (DCPJ) avait confirmé et validé six (6) mois après les faits, les détails contenus dans les différents rapports des organismes des droits humains, mais aucun procès ne s’est jamais tenu, en dépit du fait que les proches des victimes avaient porté plainte.
Récemment, des mandats d’amener ont été décernés contre Monchéry et Cherizier qui n’ont jamais répondu aux convocations du magistrat instructeur.
La police a réactivé des avis de recherche émis contre au moins une vingtaine de chefs de gangs opérant dans la région métropolitaine dont Jimmy Cherizier. Ils sont accusés de vol, d’assassinats, de kidnappings et d’association de malfaiteurs.
Pres de cinq (5) ans après le massacre de La Saline, les assassins (auteurs, co-auteurs et exécutants) de cette tuerie, courent encore les rues impunément.
Certains individus indexés dans les rapports d’enquête sur le massacre de la Saline, sont accusés d’implication dans d’autres carnages perpétrés à répétition dans le quartier historique du Bel-Air et a Cité Soleil.
Selon un rapport du RNDDH, au cours des quatre dernières années, soit de 2018 à 2022, au moins dix-neuf (19) massacres et attaques armées ont été perpétrés dans le seul département de l’Ouest.
Le document du réseau national de défense des droits humains, souligne que ces massacres ont causé des pertes humaines et matérielles énormes.
‘‘Pour seize (16) parmi ces événements sanglants, le RNDDH affirme avoir recensé au moins neuf-cent quarante-sept (947) personnes assassinées, cinquante-neuf (59) personnes portées disparues, cent-un (101) viols collectifs et répétés perpétrés à l’encontre de femmes et de filles.’’
Le rapport précise qu’environ six-cent-soixante-dix-sept (677) maisons ont été détruites ou incendiées.
L’organisation des droits humains déplore que l’action publique n’ait jamais été mise en mouvement à l’encontre de ces bandits armés dont les chefs sont connus, dénoncés par les victimes, et qui continuent de commettre d’autres crimes.’’
De récents massacres ont encore été perpétrés, notamment à Liancourt dans l’Artibonite, à Source Matelas, à Cité Soleil, a Carrefour-Feuilles entre autres.
Regroupés au sein d’une nouvelle fédération élargie dénommée « Viv Ansanm » (Vivre Ensemble), les différents chefs de gangs de la région métropolitaine et des autres départements, dont l’Artibonite, ont déclaré qu’ils renonçaient à la violence et qu’ils voulaient faire la paix.
En moins d’une semaine, l’un d’entre eux, Izo, chef du gang 5 Seconde de Village Dieu, a déclenché une guerre contre les populations de Saut-d’Eau et de Mirebalais dans le plateau central.