Comme à la Jamaïque, la mission de la Caricom venue poursuivre les discussions entre les protagonistes de la crise n’est pas parvenue à faciliter la signature d'un accord. Les deux parties ne transigent pas sur leurs positions. Les négociations ont une nouvelle fois échoué.
La délégation de la Caricom qui a séjourné en Haïti pendant 3 jours, devra repartir sans parvenir à convaincre les acteurs de trouver un accord pour sortir de la crise.


Le principal défenseur de l'Accord du 21 décembre, André Michel, qui a pris part à la rencontre, joint au téléphone avoue qu'il n'y a eu aucune avancée dans le cadre de ce deuxième round de négociations, imputant la responsabilité aux tenants de la Déclaration de Kingston (opposition).
« Les discussions n’ont pas abouti en raison de l’intransigeance des signataires de la Déclaration de Kingston (Groupe des 8, MONTANA, etc). Nous sommes encore à la case départ avec toutefois la volonté de continuer le dialogue inter-Haïtien. Nous avons quitté l’Hôtel MONTANA à 9 h 40 du soir. Aucun dirigeant du Groupe MONTANA n’a participé aux discussions. Tout ceci est symptomatique de leur refus de négocier véritablement. Ils veulent prendre le pouvoir pour eux-mêmes dans cette période intérimaire », déclare l’« avocat du peuple ». Selon lui, ce sont « les ambitions démesurées des signataires de la Déclaration de Kingston qui nous empêchent de trouver le Consensus politique nécessaire ».
Il a fait savoir que « les éminentes personnes de la CARICOM ont proposé un délai de 2 semaines pour essayer de faire aboutir les négociations politiques ».
« Nous allons rester optimistes. Entretemps, le Gouvernement et le HCT (Haut conseil de transition) doivent continuer à assumer leurs responsabilités », a conclu Me. André Michel.

« La manière de procéder de Ariel Henry où il choisit seul les 9 membres du CEP, est inacceptable » …
Du côté de l'opposition à Ariel Henry, les positions n'ont pas non plus changé. Le président du PHTK, Liné Baltazar, membre du groupe des 8, explique que la délégation ayant pris part à la réunion, a défendu la Déclaration de Kingston qui prévoit un « exécutif bicéphale » avec un conseil présidentiel et un gouvernement ayant à sa tête un premier ministre, rejetant ainsi la proposition du gouvernement soutenu par André Michel.
Liné Baltazar a rejeté la démarche des tenants du pouvoir visant à mettre sur pied un CEP « par des moyens détournés ».
« La manière de procéder de Ariel Henry où il choisit seul les 9 membres du CEP, est inacceptable. Même les gouvernements militaires n'avaient pas fait cela », dénonce-t-il. Il prône l'idée que le CEP soit formé sur la base de l'article 289 de la constitution en vigueur, comme cela, soutient-il, a toujours été le cas.
Le président du PHTK regrette que « la Caricom n'ait pas pu jouer son rôle de facilitateur préférant appuyer la position du gouvernement ».
« Quand vous êtes facilitateur, vous devez mettre les parties autour d'une table pour trouver une solution », dit-il.
Si André Michel parle d'une échéance de deux semaines qui aurait été proposée par la Caricom pour la poursuite des négociations, Liné Baltazar dit n'en être pas au courant. Pour lui, le gouvernement a internationalisé la crise et par conséquent la solution ne dépend plus des autorités locales ou des partis adverses. Il en veut pour preuve la dernière résolution accordant au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, un délai de 30 jours pour soumettre un rapport qui permet un règlement politique en Haïti:
« La résolution adoptée par le conseil de sécurité de l’ONU prie le Secrétaire général de lui soumettre un rapport écrit, en consultation avec Haïti, dans les 30 jours, décrivant toute la gamme des possibilités d’appui que pourrait fournir l’ONU pour améliorer l’état de la sécurité notamment, mais non exclusivement, ainsi que l’appui à la lutte contre le commerce et le détournement illicites d’armes - et de matériel connexe, la formation supplémentaire de la Police nationale d’Haïti, l’appui à une force multinationale non onusienne, ou la possibilité d’une opération de maintien de la paix, dans le cadre d’un règlement politique en Haïti ».