En ce dernier jour du mois d'août, nous aimerions vous présenter sur notre site la rubrique mensuelle de Jean Robert Jean Noël qui est un coup d'oeil sur les faits saillants du mois avec comme objectif final : Inciter les haïtiens quelque soit là où il se trouvent au dialogue, à la CONCERTATION qui représente la seule voie de sortie à la situation de crise dans laquelle on s'enfonce de plus en plus. Donnons donc la parole tout de suite à Jean Robert Jean Noel. ====================================== Le 28 Août 2013 ramenait le 50e anniversaire de la marche des noirs américains sur Washington et du fameux discours du Dr Martin Luther King, « I’ve a dream ». Cet anniversaire a été grandiosement fêté à Washington par le Président Obama, le premier Président noir des USA, accompagné pour la circonstance des anciens Présidents, Bill Clinton et Jimmy Carter. Blanc et Noir, main dans la main, seulement 50 ans après ce fameux rêve du Dr King. Pourtant depuis près 210 ans, nous n’arrivons pas à nous entendre pour refaire d’Haïti, la « Perle des Antilles ». La situation actuelle de notre pays semble, sur le plan politique, converger vers une aggravation de la crise permanente haïtienne, sans espoir d’asseoir cette révolution de croissance tant souhaitée et tant attendue par les vrais haïtiens (pays avant pouvoir) (http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/07/haiti-la-tourmente-et-quand-la.html). Alors, y-a-t-il une porte de sortie à cette crise permanente haïtienne ? D’où le titre de mon article de ce mois d’Août 2013 : « Haïti, Situation préélectorale, la concertation, la seule voie de sortie ? ». Passons en revue quelques faits saillants, attardons-nous sur la situation politique et concluons sur la seule voie de sortie. ============================= Les faits saillants du mois d’Août 2013 ALBA , Ile à Vache, la visite du Président Taïwanais, le Conseil de sécurité de l’ONU et la loi de finance Au cours de ce mois d’Août 2013, après la participation du Premier Ministre, Lamothe en Equateur, à Guayaquil, les 29 et 30 juillet 2013, au 12e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples des Amériques (ALBA) avec l’approbation par plusieurs acteurs du « plan spécial pour le développement » visant « notamment la sécurité alimentaire, la santé, la production agricole et les infrastructures », c’était le lancement du projet touristique de île à Vache, Aéroport international, Agriculture, complexe hôtelier. Ce lancement a été fait par le Premier ministre et la Ministre du Tourisme. C’était la visite du Président Taïwanais en Haïti qui a promis une forte contribution à la reconstruction du pays, en particulier au niveau du secteur agricole. C’était le rapport du Conseil de sécurité sur Haïti ; voyons ce qu’en dit le quotidien, Le Nouvelliste : http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120589; c’est un rapport assez objectif, selon moi. C’est le débat sur la loi des finances 2013-2014, différente et en rupture avec les lois précédentes, selon le Journal Le Nouvelliste. (Réf. http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120653). ==================================== Plein feu sur l’agriculture C’était la conférence du Ministre de l’Agriculture à la Primature sur le plan triennal de relance agricole (PTRA 13-16), sur les possibilités de l’agriculture haïtienne d’honore 12 M USD de la dette/an à partir de 2014 de PETROCARIBE dans le cadre des « denrées alimentaires contre pétrole ». Le Ministre a déclaré : « Nous avons identifié des produits où nous avons déjà une habitude d'exportation, tels que le café, le cacao et la mangue [...] nous avons également identifié près de 16 produits, avec lesquels nous pouvons commencer à entrer en négociation avec le Venezuela. Ce sont, entre autres, le café, le cacao, le haricot, le poids congo, la banane, le sirop de canne, le riz Sheila, le manioc et l'igname [...] ». Il était accompagné du Secrétaire à la Relance Agricole, V. Joseph, du Secrétaire d’Etat à production végétale, F. Dorcin, et du Coordonateur de la Commission Nationale de Sécurité alimentaire (CNSA), G. Mathieu. D'un autre coté, M. Mathieu a fait remarquer que la saison agricole 2013 a connu une augmentation considérable par rapport à 2012 en matière de production agricole. L'agronome Garry Mathieu, coordonateur de la CNSA, a indiqué que cette augmentation de l’ordre de 80% pour certains produits (maïs, haricot, banane, igname, manioc) doit pouvoir contribuer à une diminution du taux de l'insécurité alimentaire à la fin de l'année, s’il n’y a pas de cyclones et autres catastrophes naturelles (Source Radio Métropole). Le Premier Ministre, le Ministre de l’Agriculture ont effectué une visite guidée des travaux de consolidation des berges de Rivière Grise (8 Km réalisés en terre et en gabions). Ces travaux devraient protéger une partie de Croix-des-Bouquets, de Tabarre, de Cité Soleil et des terres agricoles, etc. ======================================= La révocation des Directeurs Généraux de l’INARA et de L’EDH La mise à pied du Directeur Général de l’INARA, qui est sous tutelle du Ministère de l’agriculture, se fait de manière très cavalière. Je ne sais pas pour celle de l’EDH que je ne connais pas, et je ne sais pas si sa mise à pied a été aussi cavalière. Mais, dans le cas de l’INARA, M. Ethéart qui est un ami, il a appris son remplacement à la radio comme un quidam. Connaissant mon ami, il s’en fiche pas mal. C’est la manière qui me dérange. La majorité de gens qui le fréquentent savent que B. Ethéart est une des rares personnes honnêtes et compétentes de ce pays, qui a consacré 18 ans de sa vie à l’INARA, une sorte de perle rare dans ce pays. Le renvoyer de cette manière traduit le manque d’éducation et l’inélégance de nos actuels Dirigeants. Il faudra désormais corriger cette façon d’agir en copiant sur les ministres du Tourisme et de la Culture vis-à-vis de M. Gérard Thérilien pour les loyaux services rendus à l’École Hôtelière d’Haïti. Que c’était beau !!! Il faut avoir de l’élégance vis-à-vis des employés de la fonction publique et surtout des grands commis de l’Etat. ======================================== La situation politique C’était la lettre de Mme Manigat en réponse à l’accusation de « complot » du Président. C’était la déclaration du Président qualifiant de « voleurs de poules, de bœufs, ses opposants politiques », des propos indignes d’un Chef d’Etat. C’était la tentative de réunir les partis politiques par le Président tout de suite après avoir fêté le 25e anniversaire de Sweet Micky et avant de partir pour Suriname pour la participation d’Haïti au Festival de la Caraïbe (Carifiesta) et des vacances en Floride. Le Parlement a réussi un coup de maitre en convoquant des assises (26,27,28 Aout 13) avec les partis politiques en opposition au Président, le secteur Privé et la Communauté Internationale. C’était enfin le dépôt du projet de loi électorale au Parlement par le Ministre de la Justice accompagné du Ministre Ralph Théano chargé des relations avec le Parlement qui a ainsi marqué son retour au Parlement depuis les incidents que l’on sait. =============================== Analyse de la situation politique Comme à mes habitudes, j’ai commencé, dès le début du mois d’Août 2013, à collecter les informations pour mon article du mois. Les premières informations ont laissé présager un mois d’Août 2013 plutôt difficile sur le plan politique. En effet, au cours des trois (3) journées du Carnaval des fleurs, le Président Martelly a accusé de « complot » contre son pouvoir « une dame » qui, elle-même, a été victime de coup d’Etat. Mme Manigat en a profité pour donner une réponse en bonne et due forme au Président de la République. Le Sénat a sorti le résultat de son enquête dans l’affaire du juge d’instruction subitement mort qui est totalement défavorable au Président et au Premier Ministre les accusant d’avoir participé à cette fameuse rencontre avec le juge d’instruction, donc de « parjure ». Ce qui est passible de la Haute Cour de Justice. Ces deux faits ont favorisé un renforcement de l’opposition face au Pouvoir Exécutif. Et comme la Présidence a souhaité organiser les élections sous l’égide de la loi électorale de 2008, l’opposition a vu dans cette proposition une manœuvre de plus de l’Exécutif pour ne pas organiser les élections en 2013. Le Président, qui, entre temps, a fêté le 25e anniversaire de « Sweet Micky », et traité l’opposition, lors d’un passage dans le Nord du Pays, de « voleurs de poules », a essayé de convoquer les partis politiques au Palais pour des discussions sur l’organisation des élections. Le Président a été boudé par les partis politiques qui, selon un d’entre eux, pensent qu’il est trop tard pour ce dialogue car « il est minuit moins 5 » pour le Président. Le discours du Président pour expliquer la nécessité de ce dialogue politique sur les élections n’a pas eu l’effet escompté. Et le Parlement a profité de l’échec du Président pour convoquer les partis politiques de l’opposition, le Secteur Privé et la Communauté internationale à Montana pour des assises sur la situation du pays avec pour objectif de mettre sur pied une structure pour favoriser le dialogue politique. C’est une victoire pour le Parlement qui a pu permettre la mise en place du « Groupe des 13 » pour assurer le suivi de ces assises, en particulier pour dialoguer avec l’Exécutif (Réf. http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120636#.UiBuJ1ovXRM.facebook.). Durant la période de ces assises, l’Exécutif a décidé enfin d’envoyer le projet de loi modifié à la Chambre basse 10 jours avant la vacance des Députés. Ce projet de loi envoyé deux mois après sa soumission à la Présidence par le CTCEP nécessite un effort appréciable de la part du Parlement avant de se transformer en une loi acceptable pour les deux parties. Le Président de la Chambre pense qu’il faudrait un mois de travail pour y parvenir et croit de ce fait qu’il serait impossible d’organiser les élections en 2013. Il faut noter que les modifications apportées par la Présidence ne semblent pas plaire à M. Edouard Paultre du CONAN, un membre de la société civile, qui suggère au Parlement de « déclarer irrecevable » ce projet de loi modifié, « en attendant un compromis ». Pour le Président du Sénat, c’est « un show médiatique » du pouvoir Exécutif ; c’est du « show biz », selon le Sénateur JEAN-CHARLES. Dans le cas où le Parlement appliquerait cette suggestion du CONAN déjà adoptée par le Député Bélisaire, très farouche opposant au Président Martelly, peut-être que la solution serait de « chasser Martelly du pouvoir » pour répéter le mot d’un autre farouche opposant au Président, le Sénateur Moise JEAN-CHARLES. En cas de non présentation du Président au Parlement le 2e lundi de Janvier 2014, ce qui confirmerait les rumeurs selon lesquelles le Président Martelly voudrait déclarer « la caducité du Parlement », le Parlement constatera « la démission du Chef de l’Etat », menace le Président DESRAS très applaudi par l’opposition. C’est « une mise en garde » a déclaré le Président de la Chambre Basse, Tolbert ALEXIS, à l’émission Le Point de Radio Métropole du 28 aout 2013. Il est à noter que les assises convoquées par le Parlement ne sont réalisées qu’avec les partis d’opposition. Le Président du Sénat aurait « oublié » d’inviter les partis politiques proches du Président Martelly. En guise de conclusion Tous ces faits prouvent, s’il en était besoin, qu’il y a une consolidation de l’opposition contre le Président. Cette opposition pourrait se massifier comme en 2003 et 2004, et n’envisager que le départ du Président Martelly en 2014 comme solution à la crise politique. En fonction de cette perception naturellement erronée, c’est à se demander si le groupe des 13 n’aurait pas la tentation de s’opposer davantage au Président au lieu de chercher à dialoguer avec lui. Partant du principe que nous sommes plus enclins à faire alliance contre quelqu’un au pouvoir que pour Haïti, il y a de forte chance que le renvoi du Président, d’ailleurs fortement souhaité par l’opposition et par le Parlement, ne soit pas la seule option envisagée. J’espère vraiment me tromper et que le « Groupe des 13 » arrive à se convaincre et à convaincre le Président à entrer dans un processus de concertation nationale, de Dialogue politique, de pacte de gouvernabilité ou de conférence nationale, la seule voie de sortie à la crise permanente haïtienne. Une mise à pied de Martelly t’irait mieux, mon cher ami, mais ferait, à mon humble avis, beaucoup plus de mal au pays. A toi de choisir, mon ami, tout en te rappelant 2004 !!!